Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/384

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d’en faire. Plusieurs magnats ont dernièrement manifesté l’intention de se constituer en société pour fouiller le sol ; il est inconcevable que ce projet n’ait pas été réalisé plus tôt. Lorsque je me trouvai à Déva, un villageois creusant un fossé autour de sa vigne avait heurté récemment un vase rempli de bijoux romains, de l’or le plus pur, et mis en ordre avec beaucoup de soin. Quelques semaines avant le hasard avait fait découvrir tout un costume hongrois enfoui dans la terre depuis plusieurs siècles. Le corps avait disparu, mais on trouva le suaire de moire blanche, le corsage, la ceinture d’argent qui l’attachait, ainsi que des bagues et les aiguilles d’or du párta ou diadème.

En face du château de Déva, à l’autre extrémité de la plaine, est une montagne également isolée qu’on appelle « Or », Arany. Elle était surmontée d’une forteresse qui appartenait aux seigneurs de Kapi, et qui n’existe plus. Peu de contrées offriraient au tant de ruines que la Transylvanie, si les Turcs ne l’avaient sans cesse ravagée. Après eux les empereurs d’Autriche rasèrent, par prudence, les châteaux qui subsistaient encore.

Le plus remarquable de tous ceux qu’on a laissés debout est situé non loin de Déva. C’est le château de Hunyad, et il excite un double intérêt, puisqu’il a été bâti et habité par le vayvode, père de Mathias Corvin. Dans ces vallées, en effet, Jean Hunyade a grandi pour le désespoir des Turcs et le salut de la chrétienté. Le