Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/404

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Transylvanie, et dont je retrouvai les traces partout où je passai. L’auberge du village était décorée de statues sans tête, et des colonnes antiques soutenaient les haies qui bordent les rues de Várhely.

Il y a, pour le voyageur, un grand intérêt à se promener au milieu de ces ruines encore debout. Elles retracent à son esprit la grandeur des Romains, qui, en moins de deux cents ans, implantèrent, à l’extrémité de l’empire, dans un pays ennemi, leur civilisation et leur langue, et y fondèrent un peuple qui, après dix-sept siècles, se glorifie de porter leur nom. Malheureusement les générations modernes ne professent pas toujours pour le passé ce respect filial dont nous nous honorons, et l’on a vu récemment s’abîmer sans remède l’un des plus curieux souvenirs de l’époque romaine. Je veux parler des précieuses mosaïques de Várhely.

Dans l’année 1823, au milieu du village, en jetant les fondements d’une auberge, on découvrit à trois pieds sous terre les restes d’un édifice antique. On suivit la trace des constructions, et on trouva plusieurs chambres dont les murs avaient un pied et demi de hauteur. Parmi ces chambres, il s’en rencontra deux qui avaient un pavé de mosaïque. On les déblaya avec soin, et on reconnut qu’elles étaient dans un état de conservation inespérée. Les deux planchers s’étaient, il est vrai, affaissés vers le milieu ; et une grande tache noire, produite par le fumier qui l’avait long-temps recouverte,