Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/42

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guerriers perdirent leur noblesse en encourant des peines infamantes. Mais une foule d’autres restèrent indépendants et nobles, tout en cultivant eux-mêmes leurs Champs. Cette noblesse rustique s’est fidèlement transmise, et on rencontre dans les campagnes une foule de villageois aussi privilégiés que le roi. Ce sont eux qui se rendent par centaines, quelquefois par milliers, aux élections, lors de la convocation de la Diète, et discutent, dans leurs costumes de paysans, le vote qu’ils prescriront à leurs représentants.

Un jour un de ces gentilshommes vint adresser une réclamation à un magnat son voisin. Il ôta son chapeau, qu’il garda à la main pendant que le seigneur l’écoutait. Celui-ci engagea le gentilhomme à se couvrir, car le froid était vif. « Je n’en ferai rien, dit l’autre, je sais quel respect je vous dois. — Comment ! reprit en souriant le magnat, qui était homme d’esprit, ne sommes-nous pas égaux, nobles tous deux ? — Sans doute, mais je suis un simple gentilhomme, et vous êtes un puissant seigneur. — Je ne puis être plus puissant que toi, nous avons les mêmes privilèges. Je ne suis que riche. — Cela est vrai. — C’est donc devant ma bourse que tu t’inclines ? — Au fait, vous avez raison : vous êtes riche et je ne le suis pas ; il n’y a pas d’autre différence. » Et il remit fièrement son chapeau.

Chez les Hongrois, ce sont des Allemands et des Juifs de passage qui sont marchands, aubergistes, et exercent