Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/421

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crainte de l’incendie du lendemain. Il n’y a pas bien long-temps que ces cruelles émotions ont cessé, et plus d’une femme eut occasion de déployer un courage viril à l’époque où écrivait en France Mme de Sévigné. Ces assauts continuels, ces dangers incessants, répandaient sur la vie intérieure quelque chose de grave, donnaient à la femme un sérieux qui se retrouve toujours dans les vieux portraits qui subsistent aujourd’hui. L’expression sévère des traits et du regard s’est conservée dans les familles, et c’est à cette cause peut-être autant qu’à l’origine orientale qu’il faut attribuer le genre de beauté qui Caractérise les femmes de la Hongrie.

Aujourd’hui l’aspect du village respire la tranquillité ; et bien que les enfants entendent souvent, en manière de menace, la chanson traditionnelle

Jönek a’ Tatárok
Les Tatars viennent…,

on n’y craint plus d’incendie ni de pillage. Aussi voyez comme la maison seigneuriale s’est épanouie. Des peupliers l’ombragent, qui, en d’autres temps eussent attiré les pas des envahisseurs. La voilà solidement bâtie, formée de murs épais, et surmontée d’un toit de la forme de ceux qu’on élevait sous Louis XIV, et qu’on appelle dans le pays « toits français » . Si l’édifice date de quelques siècles, il se composera nécessairement d’un donjon et de quatre tourelles. S’il est plus moderne, il aura la phy-