Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déterminées par l’importance de leurs fonctions. Après le dîner, tout ce monde se salue, passe dans le salon et va respectueusement baiser la main de la châtelaine : les fils d’abord, quel que soit leur âge, puis les employés, dans l’ordre où ils sont rangés à la table. Ceux-ci, après le baise-main, s’inclinent profondément et se retirent. Si la personne qui est l’objet de cet hommage les reçoit avec bonté et adresse à chacun une parole d’intérêt, cette sorte de cérémonie perd son caractère banal et devient comme le symbole du lien de famille qui rattache le clan à la personne du chef. Il faut dire que cette habitude patriarchale s’en va. Les jeunes gens à la mode préfèrent dîner seuls et rompent la tradition. Dans ce cas la table ronde figure le progrès, si progrès il y a.

Parmi les habitants du village reçus à la table longue il faut nommer le prêtre. Il est à la fois desservant de la commune et chapelain du château. Malheureusement il ne se distingue pas assez de la foule des invités. Les prêtres, en Transylvanie, sont loin d’avoir l’instruction et la dignité qu’exige le sacerdoce. Ils occupent une position très secondaire, et cela parce qu’ils n’en savent pas conquérir une supérieure. Jusqu’à la fin du 18e siècle les prêtres eurent la permission d’étudier aux universités étrangères. Ils en revenaient instruits et capables. L’empereur François, dont la haine contre les idées libérales dépassait toute mesure, interdit aux