Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/70

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par la puissante famille des Frangipani et les chevaliers de Rhodes, et les Tatars furent exterminés. Un chanoine de Grand-Waradein, Italien de naissance, Roggeri, a écrit sous le titre de Miserabile carmen super destructione Regni Hungariœ per Tartaros facta, un récit lamentable de cette grande calamité, qu’on ne peut lire, après six siècles, sans une émotion douloureuse.

Les invasions des Turcs étaient plus terribles encore. Les Turcs arrivaient « aussi nombreux que les grains de sable au fond de la mer », pour conquérir l’Europe. C’était au sol qu’ils en voulaient. Le fanatisme religieux inspirait leur bravoure. Arrêtés par les Hongrois, ce fut contre eux qu’ils réunirent leurs efforts, ce fut leur pays qui devint le champ de bataille où se vida la cause de l’Europe. Les Turcs égorgeaient tout, hommes, femmes et enfants. La Hongrie et la Transylvanie étaient périodiquement dépeuplées. Avec les Turcs vint la peste, qui ravagea ces contrées jusqu’au temps de Marie-Thérèse.

Quand la monarchie hongroise finit à Mohács (1526), la Transylvanie, détachée du royaume de saint Étienne, et devenue tributaire de la Porte, fut gouvernée par des princes électifs. Mais les souverains de l’Autriche n’oubliaient pas que cette belle province avait appartenu à la couronne de Hongrie : ils la disputèrent aux Turcs. Quand en outre les princes n’obéissaient pas aux sultans, les Tatars accouraient et incendiaient le pays. Ce