Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/121

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territoire turc. Ce droit de pâturage leur a été concédé par la paix de Carlowitz. C’était autrefois la coutume de tous les seigneurs transylvains, à l’époque où le pays était exposé aux incursions continuelles des Tatars, de se ménager une pareille ressource. Ils avaient à leur service des pâtres qui ne quittaient les profondes vallées qu’ils habitaient que pour mener les troupeaux en Valachie. Quand la guerre était finie et que les routes étaient sûres, ces pâtres descendaient en Transylvanie et rendaient compte à leurs maîtres du profit qu’ils avaient fait. Souvent des années entières s’écoulaient sans qu’ils pussent traverser le pays et parvenir jusqu’à leurs seigneurs. Mais dès que la paix était conclue, ils ne manquaient pas de se rendre au château, et jamais on ne vit parmi eux d’exemple d’infidélité.

Les pâtres étaient divisés en autant de petites républiques qu’ils comptaient de vallées. Le chef de chaque famille était à la fois prêtre et juge : car ils n’avaient pas de ministres, quoiqu’ils appartinssent au culte réformé. Lorsqu’ils mariaient leurs filles, ils venaient quelquefois célébrer la noce chez leurs maîtres. Le comte N. Bethlen, qui donne dans ses Mémoires des détails que j’abrège, parle en connaisseur de certains fromages de brebis et de chèvres que les pâtres apportaient à leurs maîtres dans des voitures et des chariots. Ces fromages se font encore, et ils ont dans tout le pays une grande réputation. Les plus célèbres sont mis et ficelés dans