Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/123

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grand village d’Al Torja, entre les premières montagnes qui séparent les sièges de Csik et de Kézdi. Après avoir gravi long-temps des chemins pierreux et raides, on arrive à un sommet où se trouve une source sulfureuse, près de laquelle se voient aussi des fontaines d’eau claire et d’eau salée. Au dessus est une montagne volcanique, semée de laves, d’où s’échappe une forte odeur de soufre. On l’appelle Büdös Hegy, « Montagne-Fétide ». Un sentier conduit à la grotte, située à mi-flanc de la montagne, et qui s’ouvre entre des rochers à teinte rose. On ne distingue d’abord que la fleur de soufre qui couvre les murs de roche ; puis, quand un rayon de soleil vient illuminer la grotte, vous voyez l’air s’agiter jusqu’à deux pieds du sol. Si l’on enfonce un bâton dans la terre, il en sort une épaisse vapeur. La sensation que l’on éprouve en restant quelque temps exposé à ces émanations est inexprimable. C’est une démangeaison, une chaleur, une inquiétude, que je ne puis pas rendre. Quand on se baisse, en arrivant à deux pieds du sol on rencontre le niveau de la vapeur qui vous arrête comme une muraille. Si on respire, on est mort. On peut se tenir sans danger à l’entrée de la grotte ; mais le sol s’abaisse au fond, et, le niveau de la vapeur étant le même partout, on ne peut s’enfoncer qu’en prenant à l’avance une longue haleine. Dans les grandes chaleurs, lorsque les malades visitent la solfa-