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Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/308

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et on raconte encore, sur les bords du Danube, des actions, vraies ou supposées, qui se seraient accomplies dans ces temps reculés.

Voici par exemple un fait qu’on dirait emprunté aux contes de chevalerie, et qui a été rapporté à un voyageur il y a peu d’années. Un neveu de Jean Hunyade, à la tête d’un détachement hongrois, traverse un jour le fleuve dans le dessein d’attaquer les Turcs qu’il aperçoit sur la rive opposée. Le combat s’engage, et, dans la mêlée, le commandant hongrois fend le casque et la tête du chef ennemi. Les Ottomans découragés prennent la fuite. Le vainqueur paraît devant Jean Hunyade, conduisant par la bride le cheval turc dont il s’était emparé, et raconte sa victoire. « Tu es mon indigne neveu, répond Hunyade mécontent : tu as fendu ce mécréant jusqu’au cou, tu l’aurais dû fendre jusqu’à la ceinture. »

Après la chute de la monarchie hongroise, en 1526, la noblesse entretint à ses frais les corps des frontières. Les comtes Zrinyi, dont les domaines s’étendaient en face des possessions turques, avaient sous leurs ordres plusieurs régiments de hussards. Au besoin, les magnats s’en servaient dans leurs révoltes contre l’Autriche. Les soldats hongrois s’étaient tellement façonnés aux habitudes des Ottomans, qu’ils rapportaient régulièrement toutes les têtes des ennemis tués. Le second Nicolas Zrinyi eut beaucoup de peine à leur faire