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Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/309

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abandonner cette coutume barbare. Malgré les services efficaces qu’ils rendaient, ces régiments étaient mal vus à Vienne, et non sans raison. Aussi ne chercha-t-on pas à les réorganiser quand la noblesse hongroise perdit son pouvoir et son indépendance.

Lorsque Marie-Thérèse eut affermi la puissance autrichienne en obtenant pour sa famille la possession définitive de la couronne de Hongrie, jusque là soumise aux caprices de l’élection, et quand les anciennes limites du royaume furent reconquises sur les Turcs, on songea à reconstituer de nouveau, et d’une manière plus régulière, cette barrière vivante. De la Pologne à l’Adriatique, on classa toute la population des frontières par compagnies, bataillons et régiments. On distribua aux paysans un sol qu’ils ne pouvaient plus quitter, et on leur permit de le cultiver sous la condition d’y mourir, eux et leurs enfants.

Cette opération ne fut pas difficile à effectuer dans les provinces récemment enlevées aux Turcs, lesquelles manquaient d’habitants. Il suffit d’y transporter des colons. Mais partout ailleurs on rencontra une vive résistance de la part des paysans. Ils avaient autrefois consenti à passer leur vie à cheval pour protéger les frontières. Mais il y avait loin de ce service militaire, qui convenait à leurs goûts, aux nouvelles conditions qui leur étaient imposées. Ils prévoyaient qu’à la première guerre européenne ils recevraient l’ordre de quitter