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Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/315

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voit de beaux ponts et de magnifiques chaussées. Cela rappelle l’Allemagne ; on se croit dans un pays plus civilisé. Mais le colon fait ces routes comme il fait l’exercice, par ordonnance ; ce n’est donc pas là un résultat du progrès de la population. Et comme il consomme lui-même ses produits, il ne profite pas de cet avantage. Livré à lui-même, le soldat valaque ne se montre nullement supérieur aux paysans des comitats voisins. Il n’est pas meilleur laboureur ; il n’est ni moins paresseux, ni moins superstitieux ; il se doute si peu de sa prospérité, qu’il envie constamment le sort des autres paysans. Et pourquoi ne reconnaîtrait-il pas que son état est au contraire digne d’envie, s’il l’était en effet ? J’ai vu à Nászod quelques jeunes garçons, fils de paysans, qui recevaient une instruction passable et mourront officiers. Mais le sort de la masse s’améliore-t-il parce que quelques individus sont favorisés ?

Dans toute la Hongrie on trouve des laboureurs et des cavaliers vêtus de toile. Il y a d’honnêtes gens qui les plaignent de porter ce costume, apporté de l’Orient, qui sied bien à une race méridionale, dans un pays où les étés sont brûlants. Parce que les villageois, en Bavière et en Autriche, ont des habits de drap très gras, on croit que là où manque cet ornement il y a misère. Un voyageur allemand s’est félicité de rencontrer, aux frontières, des paysans habillés avec de la laine. « Ce ne sont plus des chiffons », dit-il. Je ne vois pas quel pro-