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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome I.djvu/289

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chapitre cinquante-deuxième.

une profession de foi que rédigea le grand Augustin lui-même ; le moine de Marseille et ses compagnons la signèrent dans l’église de Carthage, en présence d’Aurèle, d’Augustin et de deux autres évêques, Florent et Secondin. Cette profession de foi était destinée à rétablir la doctrine catholique sur l’incarnation du Verbe auprès de tous les chrétiens des Gaules que Leporius avait pu troubler ou scandaliser. Une lettre, signée d’Aurèle, d’Augustin, de Florent et de Secondin, mais rédigée par l’évêque d’Hippone, s’en alla dans les Gaules annoncer à Proculus et à Cylinnius le retour religieux de Leporius et de ses compagnons ; les évêques africains joignaient à cette épître une copie de la rétractation, revêtue des signatures. Ainsi, Augustin avait pratiqué cette maxime du grand Apôtre : « Consolez les faibles, recevez les infirmes[1]. » Leporius ne voulut plus quitter l’Afrique ; l’angélique séduction d’Augustin l’enchaîna loin de son pays.




CHAPITRE CINQUANTE-DEUXIÈME.




Le comte Boniface, trahi par Aétius, appelle à son secours les Vandales pour le défendre contre les forces de l’empire romain. — Lettre de saint Augustin au comte Boniface. — Ses écrits contre les ariens.

(428.)


Les jours d’Augustin avaient été les jours les plus glorieux de l’Afrique chrétienne. Les manichéens vaincus devant Dieu et devant les hommes, et ne pouvant plus supporter les regards des catholiques, dont ils furent longtemps les perfides persécuteurs ; les donatistes, convaincus d’erreur, d’ignorance, de mauvaise foi, et un très-grand nombre d’entre eux ramenés à l’unité religieuse ; l’initiative prise à Carthage contre les pélagiens, et la controverse sur cette question capitale, soutenue avec tant de supériorité par l’évêque d’Hippone : ces grands faits donnaient un vif éclat à l’Église africaine, plaçaient bien haut son autorité, et portaient sa renommée dans tout l’univers. L’Afrique chrétienne, du temps d’Augustin, est un puissant foyer de lumière, ou plutôt Augustin était à lui seul cette lumière dont les rayons allaient éclairer les peuples soumis à la loi de Jésus-Christ. Il avait plu à Dieu de faire de grandes choses par les mains du docteur d’Hippone ; mais Dieu ne voulut point accorder à son serviteur la pieuse joie de quitter ce monde avec des consolations et des espérances pour son cher pays d’Afrique : les deux dernières années de la vie d’Augustin devaient être profondément attristées par le spectacle d’immenses malheurs ; l’illustre et saint vieillard était condamné à voir sa patrie livrée aux barbares, et, ce qui ajoutait sans doute à son affliction, c’est que la main même d’un de ses amis avait ouvert la porte à d’effroyables calamités !

L’empire d’Occident était alors gouverné par Valentinien III, ou plutôt, dit Gibbon[2], régnait sa mère Placidie, qui n’avait ni le génie d’Eudoxie, morte exilée à Jérusalem, ni la sagesse de Pulchérie, sœur du jeune Théodose. Aétius[3], âme intrépide et fortement trempée, mais incapable de supporter la gloire d’un rival, conçut un affreux dessein qui devait être la vraie cause des désastres de l’Afrique, cette portion si riche et si belle de l’empire romain. Il jouissait d’un crédit considérable sur l’esprit de la mère de Valentinien. Voulant perdre Boniface, gouverneur de l’Afrique, il imagina de tromper à la fois Placidie et le comte. Aétius peignit Boniface comme un ennemi secret, et décida Placidie à le rappeler de l’Afrique ; en même temps il fit dire au comte de se garder d’obéir aux ordres de l’impératrice, parce que son rappel cachait un piège

  1. Première ép. aux Thess., chap. 5, vers. 14.
  2. Histoire de la Décadence de l’Empire romain.
  3. Aétius fut chanté par deux poètes ; Quintianus et Mérobaudes : il n’est resté de Quintianus que son nom cité par Sidoine Apollinaire. Niehbuhr (San-Galli, 1823), et Weber (Corpus poetarum latinorum, Francfort-sur-le-Main, 1832), ont publié les chants de Merobaudes,