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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome I.djvu/370

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cause pour laquelle il ne leur mettait pas sous les yeux ces baguettes pour la seconde conception, mais seulement pour la première. En effet, l’exposition d’une autre question[1], dans laquelle nous demandons pourquoi Jacob a dit à son beau-père : « Vous m’avez « fraudé dans mon salaire, de dix agneaux[2], »et dont l’explication est assez juste, démontre que la première n’a pas été résolue comme elle le devait être.

2. Dans le troisième livre, également, quand il s’agit du grand prêtre et qu’on demande comment il pouvait avoir des fils, étant obligé d’entrer deux fois le jour dans le Saint des saints où était l’autel de l’encens, pour offrir l’encens matin et soir[3], ne pouvant, comme le dit la loi, y entrer étant impur, et l’impureté résultant, dit cette même loi, des rapports conjugaux, et demeurant jusqu’au soir, malgré les ablutions d’eau prescrites et accomplies[4], j’ai dit : « Il faut en conséquence, ou qu’il demeurât dans la continence, ou que, à certains jours, l’offrande de l’encens fût interrompue[5] ; » je n’ai pas vu que la conséquence n’était pas rigoureuse. En effet, on peut comprendre la parole : « Il restera impur jusqu’au soir », en ce sens qu’il n’était pas impur pendant ce soir même, mais jusqu’à ce soir, afin que, le soir venu, il pût, étant pur, offrir l’encens, et qu’après le sacrifice du matin il pût s’unir à son épouse pour avoir des enfants. De même, quand on demande comment il pouvait être défendu au grand prêtre d’assister aux funérailles de son père[6], puisqu’il ne pouvait devenir grand prêtre (cette fonction étant unique) qu’après la mort de son père, j’ai dit : « D’après cela, il aurait été nécessaire que le fils, qui devait succéder à son père, eût été institué avant que le père n’eût été enseveli et aussitôt après sa mort ; il l’eût fallu aussi à cause de la nécessité de ne pas laisser interrompre l’offrande de l’encens, qui devait avoir lieu deux fois le jour[7] ; » et c’est ce prêtre à qui il est interdit d’entrer près du corps de son père mort et non encore inhumé. Mais je n’ai pas assez remarqué que cette prescription avait pu être faite pour ceux qui devaient être grands prêtres, ne succédant pas à leurs pères grands prêtres aussi, mais étant des fils, c’est-à-dire des descendants d’Aaron : ce qui arriverait si par hasard, ou le grand prêtre n’avait pas de fils, ou en avait de si indignes qu’aucun d’eux ne pût succéder à son père. Aussi advint-il que Samuel succéda au grand prêtre Héli[8], n’étant pas lui-même fils de prêtre, mais étant des fils, c’est-à-dire des descendants d’Aaron.

3. J’ai presque affirmé comme certain que le larron, à qui il a été dit : « Aujourd’hui vous serez avec moi dans le paradis[9] », n’avait pas été baptisé visiblement[10] ; tandis que cela est incertain et qu’on doit plutôt croire qu’il a été baptisé, ainsi que je l’ai établi ailleurs moi-même. De même, ce que j’ai dit dans le cinquième livre, que là où sont mentionnées les mères, dans les généalogies évangéliques, elles ne le sont qu’avec les pères (5), cela est vrai, mais n’a pas de rapport avec la question que je traitais. Il s’agissait de ceux qui épousaient les femmes de leurs frères ou de leurs parents, lesquels étaient morts sans enfants, et cette observation était faite au sujet des deux pères de Joseph, dont saint Matthieu nomme l’un et saint Luc l’autre. J’ai discuté à fond cette question dans la révision de mon ouvrage contre Faustus le manichéen.

Cet ouvrage commence ainsi : « Lorsque nous parcourons les saintes Écritures, que nous nommons Canoniques. »

CHAPITRE LVI.

DE L’ÂME ET DE SON ORIGINE. QUATRE LIVRES.

Dans le même temps, un certain Vincentius Victor trouva dans la Mauritanie Césarienne, chez un prêtre espagnol nommé Pierre, un opuscule de moi où j’avouais, à propos de l’origine de l’âme de tous les hommes, que j’ignorais si ces âmes proviennent de celle du premier homme et ensuite de celles de nos parents, ou si elles sont données à chaque homme, sans aucune propagation, comme à Adam ; je déclarais savoir seulement que l’âme n’est pas un corps, mais un esprit. Ce Vincentius Victor adressa à ce même Pierre deux livres contre mon opinion, et le moine René me les envoya de Césarée. Après les avoir lus, je donnai ma réponse en quatre livres, l’un adressé au moine René, l’autre au prêtre Pierre, les deux derniers à Victor lui-même. Ce que j’ai écrit à Pierre est une lettre, quoique par son étendue cette lettre soit plutôt un livre ;

  1. Quest. 95.
  2. Gen. 31,41
  3. Exo. 7,8
  4. Lev. 15,16
  5. Quest. 82.
  6. Lev. 21,11
  7. Quest. 83.
  8. 1Sa. 1
  9. Luc. 23,43
  10. Quest. 84. — Quest. 46, n.2.