Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome I.djvu/499

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Le Ciel, création des natures spirituelles. — La Terre, création de la matière primitive. — Profondeur de I’Ecriture. —Des divers sens qu’elle peut réunir. — Tous les sens prévus par le Saint-Esprit.

Chapitre premier, La recherche de la vérité est pénible.

1. Sollicité, sous les haillons de cette vie, par les paroles de votre sainte Ecriture, mon cœur, ô Dieu ! est en proie aux plus vives perplexités. Et de là ce luxe indigent de langage qu’étale d’ordinaire l’intelligence humaine ; car la recherche de la vérité coûte plus de paroles que sa découverte, la demande d’une grâce plus de temps que le succès ; et la porte est plus dure à frapper que l’aumône à recevoir. Mais nous avons votre promesse ; qui pourrait la détruire ? « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? (Rom. VIII, 31) Demandez, et vous recevrez ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et il vous sera ouvert : car qui demande, reçoit ; qui cherche, trouve, et on ouvre à qui frappe (Matth. VII, 7-8). » Telles sont vos promesses ; et qui craindra d’être trompé, quand la Vérité même s’engage ?

Chapitre II, Deux sortes de Cieux.

2. L’humilité de ma langue confesse à votre majesté sublime que vous avez fait le ciel que je vois, cette terre que je fouie, et dont vous avez façonné la terre que je porte avec moi. Mais, Seigneur, où est ce ciel du ciel dont le Psalmiste parle ainsi : (Le ciel du ciel est au Seigneur, et il a donné la terre aux enfants des « hommes (Ps. CXIII, 16) ? » Où est ce ciel invisible, auprès duquel le visible n’est que terre ? Car cet ensemble matériel n’est pas revêtu dans toutes ses parties d’une égale beauté, et surtout aux régions inférieures dont ce monde est la dernière. Mais à l’égard de ce ciel des cieux, les cieux de notre terre ne sont que terre. Et l’on peut affirmer sans crainte que ces deux grands corps ne sont que terre par rapport à ce ciel inconnu qui est au Seigneur, et non aux enfants des hommes.

Chapitre III, Des ténèbres répandues sur la surface de l’abîme.

3. « Or la terre était invisible et informe » espèce d’abîme profond, sur qui ne planait aucune lumière, chaos inapparent. C’est pourquoi vous avez dicté ces paroles : « Les ténèbres étaient à la surface de l’abîme ( Gen. I, 2) » Qu’est-ce que les ténèbres, sinon l’absence de la lumière ? Et si la lumière eût été déjà, où donc eût-elle été, sinon au-dessus des choses, les dominant de ses clartés ? Et si la lumière n’étant pas encore, la présence des ténèbres c’est son absence. Les ténèbres étaient, — c’est-à-dire, la lumière n’était pas, comme il y a silence où il n’y a point de son. Qu’est-ce en effet que le règne du silence, sinon la vacuité du son ? N’est-ce pas vous, Seigneur, qui enseignez ainsi cette âme qui vous parle ? n’est-ce. pas vous qui lui enseignez qu’avant de recevoir de vous la forme et l’ordre, cette. matière n’était, qu’une confusion, sans couleur, sans figure, sans corps, sans esprit ; non pas un pur néant toutefois, mais je ne sais quelle informité dépourvue d’apparence ? (487)