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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome II.djvu/206

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pourquoi n’y reconnaissons-nous pas de la même manière le Christ et l’Église ? C’est là que nous avons reconnu celui dont l’Apôtre a dit : « Les promesses ont été faites à Abraham et à sa race ; l’Écriture ne dit pas : à ceux de sa race, comme si elle en eût voulu marquer plusieurs, mais à sa race, c’est-à-dire à l’un de sa race qui est le Christ[1]. » C’est là aussi que nous avons reconnu l’Église dans ces paroles de Dieu à Abraham : « Toutes les nations seront bénies dans votre race[2]. » Là nous avons reconnu le Christ prophétisant sur lui-même dans un psaume : « Le Seigneur m’a « dit : Vous êtes mon fils ; je vous ai engendré « aujourd’hui ; » et nous avons reconnu l’Église dans ce qui suit : « Demandez-moi et je vous donnerai les nations en héritage, et j’étendrai votre empire jusqu’aux limites de la terre[3]. » Nous avons reconnu le Christ dans ce passage : « Le Seigneur qui est le Dieu des dieux a parlé ; » et l’Église dans ces paroles : « Il a appelé la terre du coucher du soleil à son lever[4]. » Nous avons reconnu le Christ quand il est dit : « Et semblable à l’époux sortant du lit nuptial, il s’est levé comme un géant pour faire sa course ; » nous avons reconnu l’Église dans ce qui est écrit un peu plus haut : « Leur bruit a retenti dans toute la terre, et leurs paroles jusqu’au bout de l’univers. Il a établi son tabernacle dans le soleil[5]. » C’est l’Église elle-même qui est établie dans le soleil, pour être visible d’un bout de la terre à l’autre. Nous avons reconnu le Christ dans ce qui est écrit : « Ils ont percé mes pieds et mes mains et ont compté tous mes os ; ils m’ont considéré et regardé dans cette humiliation ; ils se sont partagé mes vêtements, et ont tiré ma robe au sort. » Nous avons reconnu l’Église dans ce qui est dit un peu après au même psaume : « Tous les pays de la terre se souviendront du Seigneur et se convertiront à lui, et toutes les nations l’adoreront parce que la souveraineté est au Seigneur et qu’il dominera au milieu des peuples[6]. » Nous avons reconnu le Christ dans ce qui est écrit : « Dieu, élevez-vous au-dessus des cieux, » et l’Église dans ce qui suit : « Et que votre gloire éclate dans toute la terre[7]. » Nous reconnaissons le Christ dans ces paroles : « Dieu, donnez au roi votre jugement et au fils du roi votre justice, » et l’Église dans celles-ci : « Il régnera autour d’une mer à l’autre, et depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. Des Éthiopiens se prosterneront devant lui, et ses ennemis baiseront la terre. Les rois de Tharsis et les îles lui offriront des présents ; les rois de l’Arabie et de Saba lui apporteront des dons ; et tous les rois de la terre l’adoreront, toutes les nations lui seront soumises[8]. »

15. C’est là que nous avons reconnu le Christ dans ce qui est écrit sur la pierre détachée de la montagne sans main d’homme, et qui a brisé tous les royaumes de la terre, c’est-à-dire les royaumes qui s’appuyaient sur le culte des démons ; nous avons aussi reconnu l’Église dans cette même pierre devenue une grande montagne et remplissant la terre[9]. Nous avons reconnu le Christ, lorsqu’il est écrit « que le Seigneur l’emportera sur ses ennemis et qu’il abattra tous les dieux des nations de la terre, » et nous avons reconnu l’Église lorsqu’il est dit que « chacun dans son pays et que toutes les îles des nations l’adoreront[10]. » Nous avons reconnu le Christ lorsqu’il est dit « que Dieu viendra du côté du midi et le saint « de la montagne ombragée, et que sa puissance couvrira les cieux ; » nous avons reconnu l’Église dans ce qui suit : « Et la terre est remplie de ses louanges[11]. » Car Jérusalem est située au midi, comme on le lit dans le livre de Josué[12] ; c’est de là que s’est répandu le nom du Christ ; là est une montagne ombragée, le mont des Olives, d’où le Christ remonta vers son Père pour que sa puissance ouvrît les cieux, et  que l’Église fut remplie de ses louanges au milieu de toute la terre. Nous avons reconnu le Christ dans ce qui est écrit « Il a été conduit comme une brebis pour être immolé, et il n’a pas ouvert la bouche, comme l’agneau se tait devant celui qui le tond, » et le reste de ce passage qui se rapporte à sa passion ; nous avons reconnu l’Église dans ce qui est dit au même endroit : « Réjouissez-vous, stérile, vous qui n’enfantiez pas ; poussez des cris d’allégresse, vous qui n’étiez pas mère, parce qu’il est accordé plus de fils à celle qui était délaissée qu’à celle qui avait un mari. Car le Seigneur a dit : « Agrandissez l’emplacement de vos tentes, étendez vos peaux hardiment. Allongez les

  1. Gal. III, 16.
  2. Gen. XII, 3.
  3. Ps. II, 7, 8.
  4. Ps. XLIX, I.
  5. Ibid. XVIII, 5, 6.
  6. Ibid. XXI, 17, 18, 19, 28, 29.
  7. Ibid. LVI, 6.
  8. Ps. LXXI, 2, 8-11.
  9. Dan. II, 34, 35.
  10. Sophon. II, 11.
  11. Habac. III, 3.
  12. Jos. XV, 8.