temps. Dans ce système, on aura au commencement un spondée, suivi immédiatement d’un choriambe ; on ajoutera un silence de deux temps au troisième spondée, ce qui change le spondée en molosse ou en ionique inineur ; au quatrième pied, le bacchius deviendra, avec un silence d’un temps, un antispaste ; au cinquième pied, le mètre aura pour terminaison sonore un choriambe, et à la fin on ajoutera un silence de deux temps pour compléter le spondée du commencement.
Voici une autre manière de procéder, d’après les silences volontaires. Tu peux, si bon te semble, ajouter un silence d’un temps à la sixième syllabe, à la dixième, à la onzième, et un silence de deux temps à la fin ; de telle sorte que le premier pied soit un spondée, le second, un choriambe, que le palimbacchius du troisième pied devienne par l’addition d’un silence d’un temps, un antispaste ; que le spondée du quatrième devienne un ditrochée, en interposant un silence d’un temps, et en ajoutant un silence d’égale durée, enfin que le mètre se termine par un choriambe et qu’on observe pour compléter le spondée du commencement un silence de deux temps. Une troisième manière consiste à faire suivre le premier spondée d’un silence d’un temps et à ajouter tous les silences complémentaires, ainsi que nous venons de le faire, sauf à la fin où il faudra garder un silence d’un temps, parce que le spondée, qui d’ordinaire se place, au commencement du mètre, s’est changé, par l’addition d’un silence, en un palimbacchius, et qu’il ne faut plus pour le compléter qu’un silence d’un temps qui doit être observé à la fin. Par là, tu vois bien qu’on peut placer dans l’intérieur du mètre des silences tantôt forcés, tantôt volontaires ; forcés, lorsque les pieds ont besoin d’être complétés ; volontaires, lorsque les pieds sont pleins et complets.
29. Quant à la règle posée ci-dessus, que la durée des silences ne doit pas dépasser quatre temps, elle s’applique aux silences, nécessaires, quand il y a des temps à compléter. Avec les silences volontaires, comme nous les avons nommés, on peut faire entendre un pied, ou le mettre en silence ; et, si on le remplace ainsi par des silences à des intervalles égaux, ce ne sera plus un mètre, mais un rythme que l’on aura, puisqu’il n’y aura plus de point de repère qui permette de revenir au commencement. Si donc on veut, par exemple, employer les silences pour diviser le mètre de telle façon que l’on ajoute au premier pied un silence équivalent du second pied, on ne devra pas suivre uniformément cette marche. Mais on peut avec un nombre proportionné de silences d’une égale durée porter le mètre à ses temps réguliers, comme dans cet exemple :
Nobis verum in promptu est, tu si verum dicis[1].
Car on peut, dans ce mètre, faire suivre le premier spondée de quatre silences, ainsi que les deux pieds qui viennent après :
Nobis verum in promptu est.
Mais après les trois spondées de la fin on n’ajoutera plus de silence : car on aura atteint la limite infranchissable de 32 temps. Mais il est bien plus convenable et, à de certains égards, plus réguliers, de ne mettre les silences qu’à la fin, ou qu’au milieu et à la fin, ce qui peut se faire en retranchant un pied :
Nobis verum in promptu est, tu die verum[2].
La règle à observer pour ce mètre comme pour les autres, consiste donc à compléter les fractions de pied, soit au milieu soit à la fin, par des silences nécessaires, sans que la durée de ces silences doive jamais dépasser la partie du pied déterminée par le levé et le posé. Quant aux silences volontaires, ils peuvent durer aussi longtemps que les pieds incomplets ou complets, comme nous l’avons démontré, par les exemples précédents. Bornons là nos règles sur l’interposition des silences.
CHAPITRE XVI.
30. Disons maintenant quelques mots du mélange des pieds et de l’assemblage des mètres : je dis quelques mots : car nous sommes déjà entrés dans d’assez longs détails en examinant quels sont les pieds qui s’unissent entre eux, et nous devons nous étendre un peu sur l’assemblage des mètres, en commençant à traiter des vers. Les pieds, en effet, s’unissent et se mêlent entre eux selon des règles que nous