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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome III.djvu/460

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LIVRE CINQUIÈME.

DU VERS.

CHAPITRE PREMIER.

DIFFÉRENCE DU RHYTHME ; DU MÈTRE ET DU VERS.

1. Le M. — La définition du vers a été entre les habiles de l’antiquité l’objet d’une discussion sérieuse et féconde. Le vers estime invention humaine, transmise par l’histoire à la postérité ; mais indépendamment du témoignage imposant et fidèle de l’autorité, elle repose sur le raisonnement. On a donc remarqué qu’il existait une différence entre le rythme et le mètre, de telle sorte que, si tout mètre est rythme, tout rythme n’est pas mètre. En effet, toute combinaison régulière de pieds est rythmique, et comme le mètre offre cette combinaison, il est impossible due le mouvement cadencé, c’est-à-dire le rythme, en soit absent. Mais comme une succession de pieds réguliers, sans fin déterminée, est fort différente d’une progression de pieds également réguliers, aboutissant à une limite fixe, il y avait là deux choses qu’il fallait distinguer par deux termes ; aussi la première fut désignée par le mot spécial de rythme, la seconde, par celui de mètre, sans exclure toutefois le terme de rythme. Puis, comme ces mouvements cadencés qui ont une fin déterminée, je veux dire les mètres, admettent ou n’admettent pas une coupure au milieu, ils présentent ainsi une différence qui devait être exprimée par des termes distincts. On a donc appelé proprement mètre l’espèce de rythme qui n’offre pas cette coupure, et vers, celle qui la présente. Peut-être la raison nous révélera-t-elle, dans la suite de la discussion, l’étymologie de ce mot. Ne crois pas toutefois que ce terme soit tellement exclusif qu’on ne puisse appeler vers des mètres sans césure. Mais autre chose est d’employer un mot abusivement, en l’étendant à une signification voisine, autre chose de désigner un objet par le terme spécial qui lui convient. Bornons là nos recherches sur ces mots : l’emploi des mots, nous le savons déjà, dépend essentiellement des conventions des interlocuteurs ou de l’usage consacré. Appliquons, si tu le veux bien, à étudier les questions qui nous restent, notre méthode de prendre l’oreille pour interprète, la raison pour juge, et tu reconnaîtras que les inventeurs célèbres de l’antiquité, loin d’avoir imaginé des lois en dehors de la belle et saine nature, ont fait ces découvertes à l’aide du raisonnement et les ont désignées par des termes précis.

CHAPITRE II.

LES MÈTRES SUSCEPTIBLES DE SE DIVISER EN DEUX PARTIES SONT PLUS PARFAITS QUE LES AUTRES.

2. Dis-moi tout d’abord, si le plaisir que la mesure d’un pied fait à l’oreille ne tient pas uniquement à l’harmonieuse symétrie qui existe entre ses deux parties, le levé et le posé ? — L’E. C’est une vérité dont je me suis déjà pleinement