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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/133

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DE LA GENESE AU SENS LITTERAL OUVRAGE INACHEVE. ETUDE SUR LE COMMENCEMENT DE LA GENESE JUSQU'A CES PAROLES: « FAISONS L'HOMME A NOTRE 1. »

CHAPITRE PREMIER. ABRÉGÉ DE LA FOI CATHOLIQUE. 1. Si l’on vont parler des mystères de la nature, que nous reconnaissons comme l’ouvrage de la puissance divine, il faut le faire non par voie d’affirmations mais par voie de questions ; quand surtout on les étudie dans les livres que recom- mande une autorité divine ; car alors l’affirma- tion téméraire d’une opinion incertaine et douleuse se justifierait dificilement du crime de sacrilège. Le doute cependant ne doit point fran- chir les bornes ni atteindre le domaine de la foi catholique. Et parce que beaucoup d'héré- siarques ont l’habitude de plier à leur sentiment, réprouvé par la doctrine de l’Eglise universelle, l’exposition des divines Ecritures ; avant de venir à l'objet particulier de ce livre, il est bon de pré- senter en peu de mots la loi catholique 2. La voici : C’est par son Fils unique, qui étant sa Sagesse et sa Vertu lui est consubtantiel et coéternel,et en unité du Saint-Esprit qui est aus- si de meme substance que lui et possède la me- me éternité, que Dieu le Père Tout-Puissant à tiré du néant et formé tous les ètres de la créa- tion. La doctrine Catholique nous oblige donc de croire que celle Trinité est un seul Dieu, et qu'il a fait et créé tout ce qui existe comme réalité substantielle ; en sorte que toute créature, soit

Gon. 1, I-2G. 

spirituelle soit corporelle, ou pour parler d’une manière plus simple, et employer les termes des divines Ecritures, soit visible soit invisible, n’est pas de la nature de Dieu mais a été faite de rien par Dieu, et que tout son rapport à la Trinité c’est d’avoir Dieu poLir créateur, puissqu'elle est sortie de ses mains. Aussi n’est-il point per- mis de dire ou de croire que les êtres de la créa- tion sont consubstantiels à Dieu ou éternels comme lui. 3. Mais d’ailleurs, suivant la meme doctrine, tout ce que Dieu a fait il l’a fait très-bon. Quant aux maux, ils ne sont pas des réalités subsantiel- les, des objets de la nature. Ce qui est appelé mal est toujours le péché ou la peine du péché. Or le péché n’est rien que le consentement déréglé de la volonté libre. Nous portons-nous à ce que dé- fend la justice quand nous sommes maîtres de nous déterminer autrement ? voilà le péché : c’est- à-dire qu’il ne consiste pas dans les choses el- les-mêmes, mais dans leur usage illégitime. Le légitime usage des choses c’est de rester dans la loi de Dieu, de se soumettre à Dieu seul avec une pleine et entière dilection, et de faire tout ce qui est permis, d’ailleurs sans attache, sans affection déréglée, c’est-à-dire selon l’ordre divin. Ainsi en effet trouvera l'ame dans l’exer- cice de son empire, non la dificulté, non la mise- re, mais une grande facilité, mais un grand bon- heur. Pour la peine du péché, elle consiste dans le tourment qu’éprouve l’ame de ce que la création,