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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/459

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CLIII. (Ib. 33, 12,17.) L’Écriture n’a pas rapporté toutes les révélations de Dieu à Moïse.
– Observons que Moïse avait adressé plus haut ces paroles à Dieu : « Vous m’avez dit : Je te connais entre tous. » Or, ces paroles que Moïse rappelle, Dieu les prononce effectivement ensuite, mais auparavant nous ne lisons rien de semblable. Cela nous montre que toutes les révélations de Dieu à son serviteur ne sont point insérées dans l’Écriture. Il faut toutefois rechercher soigneusement dans les premières parties de l’Écriture si la chose est ainsi.
CLIV. (Ib. 33, 4-23.) Interprétation prophétique de ces mots : Je passerai devant toi.
– Moïse ayant dit au Seigneur : « Montrez-moi votre gloire » le Seigneur lui répond : « Je passerai devant toi dans ma gloire et je nommerai le Seigneur en ta présence ; j’aurai eu pitié de celui dont j’aurai eu pitié, et je ferai miséricorde à qui j’aurai fait miséricorde. » Or un peu plus haut Dieu avait dit : « Je te précéderai moi-même, et je te donnerai le repos. » Moïse semble avoir interprété cette parole : « Je te précéderai » en ce sens que Dieu ne serait pas présent au milieu du peuple dans le voyage ; aussi répond-il : « Si vous ne venez pas vous-même avec nous, ne me faites point sortir d’ici, etc. » Et cette prière Dieu ne la rejette pas encore, il lui dit : « Je ferai encore ce que tu viens de demander. » Comment donc après que Moise lui a dit Montrez-moi votre gloire, donne-t-il de nouveau à entendre dans ces paroles : « Je passerai devant, toi » qu’il les précédera, mais qu’il ne sera pas avec eux ? Ne faut-il pas évidemment admettre ici un autre sens Celui en effet qui fait entendre ce langage : « Je passerai devant toi », est Celui dont l’Évangile parle en ces termes : « Jésus voyant que l’heure était venue de passer de ce monde à son Père[1] » passage qui est encore appelé la Pâque. Ici par conséquent se trouve une prophétie de haute importance. C’est Lui qui a passé de ce siècle à son Père avant tous les saints, pour leur préparer dans le royaume des cieux les demeures qu’il leur donnera à la résurrection des morts ; devant passer avant tous, il est devenu le premier-né d’entre les morts[2].
2. Continuation de la même prophétie. – Quand Dieu ajoute : « Je nommerai le Seigneur en ta présence » il fait connaître d’une manière frappante la grâce qu’il a mise en lui : C’est comme s’il disait : en présence du peuple d’Israël, car Moïse en était le type, au moment où ses paroles s’adressaient à lui. Or, le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ est publié parmi toutes les nations, sous les yeux de son peuple dispersé en tout lieu. Le texte porte : Je nommerai, au lieu de : «je serai nommé; » l’actif est mis, par extraordinaire, pour le passif : ceci voile évidemment un sens profond. Peut-être Dieu, en signalant ici son intervention, a-t-il voulu faire entendre que par un effet de sa grâce, le nom du Seigneur serait prononcé parmi toutes les nations.
3. Sur la vocation des Gentils. — « J’aurai pitié de celui dont j’aurai eu pitié, et je ferai miséricorde à qui j’aurai fait miséricorde. » Ici Dieu montre encore plus expressément le caractère de notre vocation à son royaume et à sa gloire : elle n’est pas le fruit de nos mérites, mais de sa miséricorde. Car après avoir promis d’introduire les nations, en disant : « Je nommerai le Seigneur en ta présence » il attribue cette faveur à sa miséricorde, selon ce mot de l’Apôtre : « Je déclare que le Christ a été le ministre de la circoncision, pour la véracité de Dieu, dans l’accomplissement des promesses faites à nos pères ; mais quant aux Gentils, ils doivent louer Dieu de sa miséricorde[3]. » Tel était donc le sens de cette prédiction : « J’aurai pitié de celui dont j’aurai eu pitié, et je ferai miséricorde à qui j’aurai fait miséricorde. » De là, défense à l’homme de mettre sa gloire dans le mérite de ses propres vertus : il faut que « celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur[4]. » Car il ne dit pas : « J’aurai pitié » de tels est tels, mais « de celui envers qui j’aurai été miséricordieux » voulant faire voir que personne n’a mérité la grâce de cette sublime vocation par ses bonnes œuvres précédentes. Le Christ est mort, en effet pour des coupables[5].
4. Sur la miséricorde de Dieu. – Dans les paroles suivantes : « Je ferai miséricorde

  1. Jn. 13, 1
  2. Col.I, 18
  3. Rom. 8, 9
  4. 2 Cor. 10, 17
  5. Rom. 5, 6