Aller au contenu

Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/480

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dont le contact souille, et si dans l’ignorance il commet cette faute, et le reconnaît par la suite. »
IV. (Ib. 5, 7.) Offrande du pauvre dans le sacrifice pour le délit. – « Mais s’il n’est pas en son pouvoir d’offrir une brebis, il offrira au Seigneur, pour le péché dont il s’est rendu coupable, deux tourterelles ou deux petits de colombes, l’un pour le péché, et l’autre en holocauste. » Ce texte éclaircit évidemment la question qui nous embarrassait un peu plus haut. Car de ces mots « l’un pour le péché, et l’autre en holocauste », il semble résulter que l’oblation du sacrifice pour le péché était inséparable de l’holocauste. De plus lorsque précédemment Dieu donne à part les lois relatives aux holocaustes, il ne parle point de deux tourterelles mais d’une seule [1] ; ici au contraire, il fait mention de deux, parce que l’on n’offrait point de sacrifice pour le péché sans y joindre l’holocauste. D’après ces paroles que nous lisons : « Il mettra sur l’holocauste[2] », il n’est pas douteux non plus que l’holocauste était offert d’abord et qu’on ajoutait l’autre victime par-dessus ; mais en parlant ici de l’offrande des oiseaux, Dieu ordonne que l’un soit d’abord immolé pour le péché, et l’autre en holocauste.
V. (Ib. 5, 15.) Le mot âme synonyme du mot homme. – « Si une âme ignore par oubli ; » c’est-à-dire, s’il arrive par suite d’un oubli que quelqu’un ignore ; le mot eum qu’emploie le latin, anima silatueriteum, se rapporte à homme. Ame et homme sont ici synonymes.
VI. (Ib. 5, 15,16.) Loi relative au sacrifice pour le péché d’ignorance dans les choses saintes. – « Et si cet homme pèche sans le vouloir contre les choses saintes du Seigneur. » On ne voit pas bien d’abord en quoi consiste cette espèce de péché ; mais la suite le fait voir, quand il est dit, qu’après avoir offert un bélier en sacrifice, le coupable « restituera et ajoutera un cinquième en sus. » On voit en effet, dans ce passage, que le péché d’oubli relatif aux choses saintes consistait à prendre par oubli la part des prémices ou de toute autre chose semblable réservée aux prêtres, ou destinée aux oblations.
VII. (Ib. 5, 17-19.) Autre loi sur le même sujet. – « Quiconque péchera, en faisant une des choses défendues par les préceptes du Seigneur, et l’ignorera, et ayant commis le délit, n’aura pas connu son péché, apportera au prêtre pour son délit un bélier sans tache pris d’entre les brebis et acheté à prix d’argent ; et le prêtre priera pour lui, à cause de l’ignorance dans laquelle il est tombé, sans le savoir, et elle lui sera pardonnée : car il a commis un délit devant le Seigneur. » Abstraction faite d’un nombre peu ordinaire de locutions qui ne doivent plus rien avoir de nouveau pour nous en raison de leur répétition fréquente, ce passage reste encore plein d’obscurité : comment en effet mettre une différence entre ce genre de délit et ceux que l’Écriture comprend un peu plus haut dans une prescription générale ? Il semble rationnel que des péchés du même genre exigent pour leur expiation des sacrifices d’un genre semblable. Or, le péché dont il s’agit dans le texte que je viens de citer, ne constitue pas une espèce à part ; mais il rentre dans la loi générale portée précédemment, et suivant laquelle le prêtre doit offrir un veau pour son péché, la synagogue entière un veau également, le prince un chevreau, et toute âme, autrement tout homme en particulier, une chèvre, ou, s’il le préfère, une brebis, pourvu que la victime soit femelle[3]. L’Écriture signale ensuite certaines espèces particulières de péchés, et dit en propres termes ce qu’il faut offrir pour leur expiation ; ainsi entendre un parjure et ne pas le dénoncer, toucher un cadavre et une chose impure, faire un faux serment par ignorance, sont des péchés à part ; pour les expier, il est prescrit d’offrir une jeune brebis, ou une chèvre, ou une paire de tourterelles, ou deux petits de colombes, ou enfin la dixième partie d’un éphide fleur de farine ; quant à celui qui a péché en s’emparant par ignorance de ce qui appartenait aux choses saintes, il est tenu d’offrir un bélier, de restituer la chose due et d’y ajouter un cinquième en plus[4]. Et ici, sans avoir signalé une espèce particulière de péché, Dieu dit d’une manière générale : « Quiconque péchera, et violera quelqu’un de tous les commandements du Seigneur, en faisant quelque chose qu’il a défendu de faire, la prescription générale disait déjà : une chose qui ne doit pas être faite contre les commandements du Seigneur[5], et ne le sachant pas, commettra le délit », c’est-à-dire, péchera par ignorance sans le vouloir ; celui-là offrira en sacrifice un bélier, au lieu d’une chèvre ou d’une jeune brebis, comme dans le même genre de péché compris sous la loi générale. Que signifie donc cette confusion ? Dans ce

  1. Lev. 1, 14
  2. Id. 4, 35
  3. Lev 4.
  4. Id. V
  5. Id. 4, 1.3, 22, etc.