Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/482

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IX. (Ib. 6, 6, 10.) Difficultés littérales, touchant un des sacrifices pour le délit. – « Il offrira un bélier sans tache, pris d’entre les brebis, d’un prix, pour son délit. » Ce texte ne doit pas s’entendre en ce sens que la victime était le prix équivalent du péché, mais que le bélier offert devait être d’un prix, c’est-à-dire être acheté. Cette particularité paraît même renfermer, dans le dessein de Dieu, quelque signification mystérieuse ; car il n’a pas déterminé le prix de la victime. S’il l’eût déterminé, on aurait pu traire que son but était d’empêcher qu’on n’offrit un animal de peu de valeur, et d’obliger celui qui l’offrirait saris l’avoir acheté de présenter une victime d’un prix égal. Mais le texte porte non-seulement, pretio, d’un prix, pour signifier que le bélier offert doit être acheté ; mais encore : siclorum sanctorum, du prix des sicles du sanctuaire, car il est dit : « du prix de l’argent des sicles du sanctuaire[1] », ce qui signifie que le bélier coûtera plusieurs sicles : Dieu ne veut pas d’un bélier qui n’eût valu qu’un sicle. Nous avons expliqué, quand nous l’avons jugé convenable, ce qu’il faut entendre par le sicle sacré. Après avoir dit : « Il offrira au Seigneur le bélier sans tache de son délit, pris parmi les brebis à prix d’argent », l’Écriture ajoute « pour le délit qu’il a commis ; » cela veut dire : il fera son offrande en vue de son délit, pour cet objet-là même. « Et (le prêtre) ôtera l’holocauste que le feu aura, consumé, cet holocauste de dessus l’autel[2]. » Mais qu’en reste-t-il, s’il est consumé ? Car Dieu donne l’ordre au prêtre d’enlever l’holocauste, après qu’il a brûlé toute la nuit, c’est-à-dire, après que le feu la consume. Que signifie encore l’addition de ces mots : cet holocauste, illam holocaustosim, puisque holocarpoma κάρπωμα et holocaustosis ont la même signification ? Le mot convenable rie serait-il par celui qu’on trouve dans un exemplaire où on lit, non pas : Auferet holocarposim, mais auferet catacarposim? Ainsi portent maintenant les Septante, c’est-à-dire, il enlèvera les restes de l’holocauste livré aux flammes. En appelant holocauste ces restes qui se comprend de cendres et de charbons, l’Écriture appelle du nom de la chose à consumer ce qui demeure après que la victime a été consumée.
X. (Ib. 6, 9.) L’holocauste de chaque jour – « Voici, dit l’Écriture, la loi de l’holocauste », et elle l’expose dans les termes suivants : « Cet holocauste sera sur le brasier de l’autel toute la nuit jusqu’au matin, et le feu de l’autel y brûlera, il ne s’éteindra pas. » Sans la particule et, cette phrase aurait plus de rapport avec notre manière de parler ; car, en supprimant cette conjonction, le texte se rétablirait comme il suit « Cet holocauste sera sur le brasier de l’autel « toute la nuit jusqu’au matin, le feu de l’autel « y brûlera », c’est-à-dire sur l’autel. Puis afin d’insister surabondamment sur ce qu’il ordonne, Dieu ajoute : « Il ne s’éteindra point ; » ce qu’il avait déjà commandé, en voulant que le feu brûlât « toute la nuit. »
XI. (Ib. 6, 11.) Sur les cendres de l’holocauste. – « Il prendra un autre vêtement, et jettera l’holocauste, holocarpoma, en dehors du camp, « dans un endroit convenable. » Ce que l’Écriture appelle holocarpoma, c’est ce qui a été consumé parle feu : dans l’exemplaire grec précité, nous lisons katakarposis. Au mot holocarpoma quelques interprètes latins ont ajouté : quod concrematum est, qui a été brûlé, et ils ont traduit « Il jettera hors du camp, dans un endroit convenable, l’holocauste qui a été brûlé. »
XII. (Ib. 6, 12.) Le feu perpétuel. – « Et le feu brûlera toujours sur l’autel, étant pris à celui-là, et ne s’éteindra point », c’est-à-dire, qu’il sera allumé au feu de l’holocauste qui brûlait jusqu’au matin. Dieu ne veut pas que le feu s’éteigne jamais ; et quand l’holocauste a brûlé jusqu’au matin, et qu’on enlève les restes de la victime consumée, il ne faut pas pour cela qu’il s’interrompe ; mais on doit le rallumer au feu de l’holocauste, afin qu’il consume les autres victimes qui seront mises sur l’autel.
XIII. (Ib. 6, 12, 13.) Encore sur l’holocauste de chaque jour. – Nous lisons ensuite : « Le prêtre fera brûler du bois sur l’autel le matin le matin, et mettra l’holocauste dessus, et il y joindra la graisse de l’hostie pacifique ; et le feu brûlera toujours sur l’autel sans jamais s’éteindre. » Ces mots le matin le matin signifient-ils qu’il ne doit pas se passer un seul jour, saris que l’holocauste et la graisse de l’hostie pacifique soient présentés à l’autel ? Ou bien qu’au jour où on les présente, ils ne doivent jamais être placés sur l’autel que le matin ? Si nous admettons le premier sens, que devait-il arriver dans le cas où personne n’eût apporté d’offrande ? Que les prêtres aient obtenu du public ou fourni eux-mêmes l’holocauste de chaque jour, on plaçait par-dessus cet holocauste, selon l’ordre de Dieu, les victimes qu’il avait commandés d’offrir pour

  1. Lev. 5, 15
  2. Id. 6, 10