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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/498

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nous aurons le sens suivant : « Et le prêtre verra, et voici une cicatrice blanche sur la peau ; et elle a changé le cheveu en blanc, de l’état sain « de chair vive en cicatrice. » Voici la construction régulière:« Elle a changé le cheveu en blanc, en cicatrice l’état sain de chair vive », c’est-à-dire, que le lépreux, à l’époque où sa chair était vive et saine, avait un chevelure noire ou de couleur, mais que cette cicatrice a blanchi ses cheveux. « La lèpre invétérée dans la peau est« elle de cette couleur ? le prêtre le rendra impur [1] », en d’autres termes, le déclarera impur. « Il ne le séparera point, parce qu’il est impur. » Ceci parait signifier que du moment que le poil a changé de couleur et se trouve semblable au défaut blanc, de la peau, le lépreux ne doit pas être séparé de ses semblables pour être soumis à une épreuve ; il n’est pas besoin d’attendre pour voir si l’endroit de la tache s’enfoncera ; mais dès là qu’il parait à la peau une couleur blanche différente du reste, et que l’on y voit des poils blancs, d’une couleur différente des autres qui sont sur la chair vive et saine, la lèpre est déclarée invétérée : elle est invétérée, parce qu’elle n’a pas besoin d’être soumise à l’épreuve qui dure deux semaines. « Si la couleur redevient saine et qu’elle change pour être blanche[2] : » l’Écriture après avoir déclaré que l’homme était pur, dès que toute la peau était blanche, parce qu’il ne s’y trouvait plus de nuances différentes, ajouté : « Mais du jour où la couleur vive paraîtra, il sera impur[3] ; » ce qui fait bien voir que la variété de couleur sur la chair est l’indice du mal. Aussi lisons-nous immédiatement après « Si la couleur redevient saine, et qu’elle change pour être blanche, il viendra au prêtre ; et le prêtre verra : et voilà que le toucher (la tache) ayant changé est devenu blanc ; alors le prêtre purifiera le toucher : il est pur[4]. » Ces mots : « Si la couleur redevient saine » ne signifient pas que cette couleur soit saine en effet : car c’est elle, qui en raison de sa différence avec l’autre, rendait l’homme impur. En disant que la couleur redevient saine, l’Écriture marque donc qu’elle redevient ce qu’elle était, c’est-à-dire, blanche, tout ce qui était sain disparaissant. Le lépreux alors redevient pur, parce que toute sa peau est blanche, et qu’il n’y aura plus diversité dans la couleur. Mais comme c’est une locution qui s’écarte trop de l’usage ordinaire, d’employer le verbe redevenir au lieu de disparaître, il semble que le sens des paroles précédentes soit celui-ci : Si la couleur redevient blanche. Dès lors, ces mots : « Si la couleur redevient saine et qu’elle change, pour être blanche », signifieraient : Si la couleur saine redevient blanche.
XLVIII. (Ib. 13, 30.) Sur la lèpre de la tête. – Pourquoi l’Écriture, parlant de la lèpre de la tête, l’appelle-t-elle encore ébranlement θραῦσμά, puisque cette maladie ne se trahit qu’à la couleur des cheveux ou de la peau, où l’on aperçoit une dépression, sans qu’il en résulte ni douleur ni secousse ? L’homme étant comme atteint de ce mal, ne se serait-elle pas servi du mot ébranlement comme synonyme d’atteinte, pour désigner cette sorte d’impureté ?
XLIX. (Ib. 13, 47, 48.) Sur la lèpre des vêtements etc. — Que signifie ce passage relatif à la lèpre des vêtements et des autres objets à l’usage de l’homme : « Dans un vêtement de laine, ou dans un vêtement d’étoupe, dans la chaîne ou dans la laine, dans ce qui est fait de lin, ou dans ce qui est fait de laine ? » Après avoir dit : « dans un vêtement de laine, ou dans un vêtement d’étoupe », à quoi bon le reste ? Car les étoupes et le lin, c’est tout un. L’Écriture a-t-elle voulu parler en premier lieu d’un vêtement, puis de tous les objets faits de laine ou de lin ? Car, pour être faites de laine, les couvertures des chevaux ne sont pas des, vêtements, non plus que les filets, quoiqu’ils soient faits de lin. Elle a donc voulu mentionner d’abord les vêtements en particulier, puis parler en général de tous les objets de laine ou de lin.
L. (Ib. 13, 48.) Sur la lèpre qui s’attache à une peau. – On demande pourquoi le texte porte : « Dans toute peau de travail » (operaria) ? Plusieurs de nos interprètes ont traduit : « dans toute peau travaillée. » Mais le grec ne dit pas ergasmeno ἐργασμἐνῳ δέρματι dans une peau confectionnée, mais ἐργασίμῳ, de travail, faite pour le travail: ce mot se trouve aussi au livre des Rois, dans le passage où Jonathas dit à David : « Demeure au champ pendant le travail du jour », in die operaria, dans le jour ou l’on travaille[5]. Nous sommes donc forcés d’admettre qu’il s’agit ici d’une peau de travail, c’est-à-dire, destinée à servir pendant quelque travail. Car il y a des peaux qui sont uniquement destinées à l’ornementation,

  1. Lev. 13, 11
  2. Id. 16
  3. Id. 14
  4. Id. 16,17
  5. 1Sa. 20, 19.