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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/509

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et le Seigneur sanctifient-ils ? Car Moïse ne tient pas la place de Dieu ; il prête son ministère à des sacrements sensibles ; mais la grâce du Seigneur opère invisiblement par l’opération du Saint-Esprit, en qui se trouve le trésor des sacrements visibles. Sans la sanctification produite invisiblement par la grâce, de quelle utilité seraient les sacrements qui tombent sous nos sens Aurait-on raison de demander si cette invisible sanctification n’est également d’aucune utilité, sans les sacrements visibles, qui sanctifient l’homme extérieurement ? Cette demande serait absurde. Car il serait plutôt permis de dire que la grâce n’existe pas en dehors des sacrements, que d’affirmer qu’elle existe en eux et qu’elle ne sert de rien, puisque toute l’utilité des Sacrements se tire de la grâce. Mais il faut voir encore en quel sens on a le droit de dire que la grâce ne peut exister sans les sacrements. Le baptême visible ne fut point profitable à Simon le magicien, parce que la sanctification invisible ne lui fut point accordée [1] ; mais ceux à qui la grâce invisible profita parce qu’elle leur fut donnée, avaient aussi reçu le baptême, et par conséquent des sacrements sensibles. Au contraire, quoique Moïse fût chargé de sanctifier visiblement les prêtres, nous ne voyons pas qu’il ait été sanctifié lui-même par l’huile sainte ou par les sacrifices : qui oserait cependant nier que cet homme, si éminent en grâce, eût été : sanctifié d’une manière invisible ? On peut en dire autant de Jean-Baptiste : car il apparut donnant le baptême avant de le recevoir[2] : Nous ne pouvons dès lors mettre en doute sa sainteté : et cependant nous ne voyons pas qu’elle lui ait, été conférée visiblement, avant qu’il administrât le baptême. La même chose peut se dire encore du larron en croix,[3] à qui le Seigneur fit entendre ces paroles ; « Tu seras aujourd’hui avec moi dans le paradis[4]. » Car il ne put jouir d’une félicité si grande, avant d’avoir été sanctifié intérieurement. Il suit delà que la sanctification invisible a pu être accordée à quelques-uns et leur être profitable, sans les secours des sacrements visibles : ceux-ci d’ailleurs ont changé avec les temps, car autres étaient ceux d’alors, autres ceux d’aujourd’hui ; tandis que la sanctification visible, opérée par des Sacrements visibles, peut exister sans la sanctification intérieure, et alors ne peut être profitable. Il ne s’ensuit pas néanmoins que l’on doive faire peu de cas des sacrements visibles : car celui qui les méprise, ne peut-être aucunement sanctifié d’une manière invisible. C’est pour cela que Cornélius et ses compagnons, quoique sanctifiés déjà intérieurement par l’effusion du Saint-Esprit, n’en reçurent pas moins le baptême [5] : la sanctification visible ne parut point superflue, quoiqu’elle eût été précédée de la sanctification intérieure.

LXXXV. (Ib. 22, 1, 2, 3.) Sur la pureté des Prêtres. – « Le Seigneur parla ensuite à Moïse, en ces termes : Dis à Aaron et à ses fils qu’ils se gardent de toucher aux choses saintes des enfants d’Israël, et de profaner mon saint nom, en touchant ce qu’ils me consacrent. Je suis le Seigneur. Tu leur diras encore : Parmi votre postérité, tout homme de votre race qui s’approchera des choses saintes que les enfants d’Israël consacreront au Seigneur et sera impur, son âme périra devant moi. Je suis le Seigneur votre Dieu. » Plus de doute : nul dépositaire de la puissance sacerdotale, fût-il le grand-prêtre, ou un prêtre du second ordre, ne pouvait remplir son sacré ministère, s’il était impur. La continence du prêtre était donc perpétuelle ; car pour devenir père de famille, il aurait dû interrompre à certains jours l’entretien de l’encens qui devait brûler sans cesse ; puisque lui seul avait le pouvoir de le placer sur l’autel deux fois le jour, le matin et le soir[6]; et qu’après avoir usé du mariage, lors même qu’il se serait lavé le corps, il fût demeuré impur jusqu’au soir[7]. Quant à ces mots : « Les choses que les enfants d’Israël me consacrent », ils signifient les offrandes apportées aux prêtres pour être présentées par leurs mains, au Seigneur. Remarquons encore ce genre de consécration, qui résulte du vœu et de la piété de la personne qui offre. Or, si les objets qui composent l’offrande de l’homme sont sanctifiés, ne peut-on pas dire que l’homme se sanctifie de la même manière, lorsqu’il se voue lui-même en quelque chose ? Cette question doit être étudiée dans les saints Livres.
LXXXVI. (Ib. 22, 4.) Sur l’impureté contractée au contact d’un mort. – « Quiconque aura touché quoique ce soit d’impur d’une âme », c’est-à-dire un mort : ce contact constituant une souillure aux termes de la Loi.
LXXXVII. (Ib. 24, 15.) Sur le blasphème.

  1. Act. 8, 13
  2. Mat. 3, 11, 14
  3. 2 Rétract. 55. n. 9.
  4. Luc. 23, 43
  5. Act. 10, 44-48
  6. Exo. 30, 7-8
  7. Lev. 15, 16