e couvre le tabernacle de son ombre, les enfants d’Israël resteront dans le camp, et quand la nuée sera demeurée plusieurs jours sur le tabernacle ; et les enfants d’Israël observeront la garde de Dieu, et ne décamperont point. Et quand la nuée aura couvert le tabernacle un certain nombre de jours, il arrivera qu’à la voix du Seigneur ils seront dans le camp, et au commandement du Seigneur ils le lèveront. Et quand la nuée sera demeurée depuis le soir jusqu’au matin, et qu’elle se sera élevée le matin, ils décamperont pendant le jour ; si même elle s’élève la nuit, ils lèveront leur camp : le jour ou le mois de jour pendant lequel une nuée abondante couvrira le tabernacle, les enfants d’Israël seront dans le camp, et ne se mettront point en marche. Car ils partiront au commandement du Seigneur. Ils observeront la garde du Seigneur, suivant le commandement qu’ils en avaient reçu par la main de Moïse. »
2. Tout ce passage demande une sérieuse explication, parce qu’il est plein de locutions inusitées qui en obscurcissent le sens. « Au jour, lisons-nous, où le tabernacle fut établi, une nuée couvrit le tabernacle, la maison du témoignage : » c’est le tabernacle que l’Écriture désigne sous cet autre nom de maison du témoignage. « Et depuis le soir jusqu’au matin, elle était sur le tabernacle comme une espèce de feu. Ainsi en était-il toujours [1]. » Suit l’explication minutieuse de ce qui arrivait toujours. « La nuée le couvrait pendant le jour, et la nuit, une espèce de feu [2]. Et lorsque la nuée se retirait de dessus le tabernacle, les enfants d’Israël levaient ensuite, et postea, le camp. » Le sens ici n’est pas obscur, pourvu qu’on supprime la particule et. Car, sans cette conjonction, la phrase est complète, et peut se construire ainsi : « Et quand la nuée se retirait de dessus le tabernacle, les enfants d’Israël levaient ensuite le camp ; » même sans ce mot, ensuite, le sens serait parfait. Le texte ajoute : « Et partout où la nuée s’arrêtait, les enfants d’Israël établissaient leur camp. »
3. Or, tout ce qu’ils faisaient se réglait sur les ordres de Dieu ; c’est ce que l’Écriture exprime en ces termes : « Les enfants d’Israël camperont au commandement du Seigneur, et au commandement du Seigneur ils lèveront leur camp [3]. » Elle appelle commandement du Seigneur, le signal donné par la nuée, de s’arrêter, quand elle couvrait le tabernacle de son ombre, et de marcher à sa suite ; quand elle s’élevait et allait en avant. Il est vrai que le ton de la narration change en cet endroit et que l’Écriture semble prédire et annoncer les choses comme si elles étaient à venir. En effet, nous ne lisons pas : Les enfants d’Israël campaient au commandement du Seigneur, mais camperont; ni : ils levaient leur camp au commandement du Seigneur, mais ils lèveront leur camp. Et cette manière de parler, tout-à-fait contraire à l’usage de l’Écriture, se poursuit dans le reste de ce passage. Nous savons bien que les prophéties emploient souvent la forme du prétérit ; par exemple, quand il est dit : « Ils ont percé mes mains et mes pieds[4] » et encore : « Il a été conduit comme une brebis pour être sacrifié[5] ; » il y a des passages sans nombre, semblables à ceux-ci ; mais que le narrateur raconte au futur des événements accomplis, comme nous venons de le voir, il serait extrêmement difficile d’en trouver un exemple dans toute l’Écriture :
4. Or, après avoir dit à quel signe le peuple doit, le jour et la nuit, se mettre en marche ou s’arrêter ; dans la crainte qu’on ne croie qu’il devait marcher pendant la nuit et faire halte pendant le jour, et que cela se reproduisait uniformément, Dieu ajoute : « Tous les jours où la nuée couvre le tabernacle de son ombre, les enfants d’Israël seront dans le camp [6] ; et quand la nuée sera demeurée plusieurs jours sur le tabernacle. » Puis, voulant faire comprendre que tout cela s’accomplissait d’après la volonté divine, et non pour satisfaire au besoin qu’ils en avaient : « Et les enfants d’Israël observeront, dit-il, la garde de Dieu » c’est-à-dire la garde que Dieu leur a commandée ; « et ils ne décamperont point. » Et comme pour aller au-devant de cette question : A quel moment partiront-ils donc ? « Il arrivera, répond-il, que quand la nuée aura couvert le tabernacle des jours sans nombre[7] » c’est-à-dire, un certain nombre de jours, qui est laissé au bon plaisir de Dieu, «à la voix du Seigneur, ils seront dans le camp, et au commandement du Seigneur, ils le lèveront. » Cette voix du Seigneur, c’est vraisemblablement le signal de s’arrêter ou de se mettre en marche donné au moyen de la nuée ; car la voix de celui qui parle n’est pour nous que l’expression de sa volonté. Je crois
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