Aller au contenu

Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/624

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

hommes livrés à la perdition et à la mort, en vivant dans les délices.
23. « C’est le Seigneur qui lui a tracé sa voie. » L’humilité, qui est cachée aux oiseaux du ciel. « Et il connaît son séjour. » Quel est le siège de la sagesse, sinon le Père ? Car il est écrit« Je suis en lui, et lui en moi [1]. » Ils sont l’un pour l’autre comme une demeure réciproque.
24. « Il a vu tout ce qui est sous le ciel. » Il connaît tout, comme il a tout créé, d’une manière invisible.
25. « Le mouvement des vents et la mesure des eaux[2]. » Il désigne sous un de ses aspects la création tout entière. N’est-il pas écrit que tout a été fait avec nombre, poids et mesure[3] ? À ces traits nous reconnaissons le Créateur.
26. « En créant, il a compté comme il a vu. » Pour créer, il n’a point regardé au-dehors, mais en lui – même, comme le véritable architecte. « Et la voie au bruit des tempêtes. » Les tempêtes désignent ici les tentations, et les tentations, ceux qui sont éprouvés par elles ; comme on dirait les cris du naufrage, pour les cris des naufragés.
27. « Alors il l’a vue, et l’a manifestée. » Dieu en prédestinant les hommes a vu dans quelle voie ils s’engageraient au moment de la tentation. « Il l’a préparée et recherchée ; » en prédestinant et non en agissant.

CHAPITRE XXIX. – Retour sur sa vie passée.


2. « Qui me ramènera aux mois de mes premiers jours ? » Ceci parait s’appliquer à l’Église unie à Jésus-Christ son chef ; comme si elle se trouvait au temps où abondent les tribulations et les épreuves, en ces jours annoncés par le Seigneur en ces termes : « Les jours viendront où vous désirerez voir un des jours du Seigneur, et vous ne le verrez point[4]. » En effet quand le Sauveur était sur la terre, nulle inquiétude ne venait trouer le peuple chrétien naissant : il se composait des premiers croyants, parmi lesquels plus de cinq cents frères, à qui, d’après le témoignage de l’Apôtre, le Seigneur daigna apparaître après sa résurrection[5]. On n’avait point alors à redouter de voir l’Église mal gouvernée, ni divisée par les trahisons de l’hérésie ou du schisme. Elle n’avait pas non plus à souffrir les persécutions extérieures : il n’y avait encore pour elle aucune épreuve ni au dedans, ni au-dehors. Job parle donc ici au nom de l’humanité, c’est-à-dire du peuple du nouveau Testament, désirant revoir ces jours, comme le lui avait prédit le Sauveur. Il les appelle des mois et non pas des années, parce que depuis le moment où le Christ choisit ses disciples, jusqu’à sa mort, on ne peut guère compter que des mois, et non pas des années.
3. « Lorsque sa lumière brillait au-dessus de ma tête. » C’est le Seigneur visible en sa chair, ou sa parole rendue sensible par cette présence corporelle.
4. « Pendant que 1a parole de Dieu gardait ma maison », pour en conserver pure la conduite.
5. « Et que mes serviteurs autour de moi. » Ceux qui, humbles et soumis, savaient pourvoir à tous mes besoins,
6. « Pendant que le beurre coulait le long de mes voies. » Mes mœurs faisaient éclater ma foi et mes bonnes œuvres. « Et que pour moi le lait coulait en abondance des montagnes. » Que les prophètes étaient parfaitement compris des petits.
7. « Lorsque le matin je parcourais la ville. » Ou bien lorsque la lumière chassait les ténèbres de la crainte, ou bien veut-il dire qu’au berceau de son Église il n’était ni assez caché, ni assez connu ? « Et sur la place publique un siège m’était préparé. » La multitude me donnait l’autorité pour instruire.
8. « A ma vue les jeunes hommes se cachaient : » ceux qui suivaient leurs mauvais désirs. « Mais les vieillards se levaient », les prudents.
9. « Et les puissants cessaient de parler : » ceux qui se prévalaient d’une vaine science.
11. « L’oreille qui m’a entendu m’a proclamé bienheureux. » Un peuple que je n’ai point connu, m’a servi, il a prêté une oreille attentive à ma voix [6]. « Et l’œil qui me voyait s’est détourné. » Celui des Juifs qui n’ont point voulu croire.
13. « Et la langue de la veuve a proclamé mes louanges. » L’âme qui a renoncé à l’alliance du démon. Voilà qu’on sortait un mort, fils unique d’une mère qui était veuve[7].
14. « Je me suis vêtu de la justice, comme d’un manteau. » Lorsque tu préfères aux actions

  1. Jn. 10, 38
  2. Le texte de saint Augustin porte le mouvement des vents et leur mesure : en Grec on lit : α εμον, αταθμον, υδατος μετρα. 57
  3. Sag. 11, 21
  4. Luc. 17, 22
  5. 1Co. 15, 6
  6. Psa. 17, 45
  7. Luc. 7, 12