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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IX.djvu/353

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soit en embrassant la foi, soit en mourant ? Leur malédiction n’aura donc qu’un temps, mais « le Seigneur sera béni dans l’éternité ». Et pour confirmer cette bénédiction, et bannir toute crainte, le Prophète ajoute : « Ainsi-soit-il ! Ainsi-soit-il ! » Cette fin est comme le sceau de Dieu. Pleins de sécurité sur ses promesses, croyons le passé, connaissons le présent, voyons à l’avenir Que l’ennemi ne nous détourne point de la véritable voie, afin que celui qui nous rassemble sous ses ailes, comme une poule rassemble ses poussins, nous réchauffe, que nous ne sortions point de dessous ses ailes, et que l’épervier ne nous enlève point comme des poussins sans plumes encore. Un chrétien ne doit point placer sa confiance en lui-même : s’il veut se fortifier, qu’il grandisse par la chaleur de sa mère. Elle est pour lui cette poule qui rassemble ses poussins, et dont Jérusalem, cette ville infidèle, essuyait les reproches : « Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et tu ne l’as pas voulu ? Voilà que vos maisons seront désertes[1] ». Aussi est-il dit : « Vous avez fait de ses remparts un objet d’effroi ». Comme donc les Juifs n’ont pas voulu se mettre à couvert sous les ailes de cette poule, et que leur exemple a dû nous faire craindre ces esprits impurs qui volent autour de nous, cherchant ce qu’ils pourront enlever ; entrons sous les ailes de cette poule, de cette Sagesse divine qui a voulu subir la mort pour ses poussins. Aimons le Seigneur notre Dieu, aimons son Église : Lui comme un père, Elle comme une mère ; Lui comme un maître, Elle comme sa servante, puisque nous sommes les enfants de sa servante. Mais le lien de ce mariage est une grande charité. Nul ne peut offenser l’un et bien mériter de l’autre. Que nul ne dise : Je vais aux idoles, je consulte les augures et les sortilèges, mais je n’abandonne point pour cela l’Église ; je suis catholique. Tu tiens à ta mère, il est vrai, mais en offensant ton Père. Un autre viendra me dire : Loin de moi de consulter les sorts, de rechercher les devins, de recourir à des pratiques sacrilèges, d’aller adorer les démons, de me prosterner devant des pierres : mais je suis de la secte de Donat. De quoi te sert-il de n’offenser point un père qui vengera l’outrage que tu fais à ta mère ? À quoi bon confesser le Seigneur, honorer Dieu, le prêcher, reconnaître son Fils, proclamer qu’il est assis à la droite de son Père, et blasphémer son Église ? Ce que tu vois chaque jour dans les mariages humains, ne te corrigera-t-il point ? Si tu avais un patron à qui tu allasses chaque jour rendre hommage, dont tu ne franchisses le seuil que pour te mettre à son service, pour qui tu eusses, non seulement des hommages, mais des adorations, lui rendant fidèlement toutes sortes de bons offices ; remettrais-tu le pied dans sa maison après avoir proféré contre son Épouse une parole blessante ? Tenez donc, mes très chers frères, tenez fermes et dans l’esprit d’union, Dieu pour votre père, et la sainte Église pour votre mère. Célébrez dans une sage sobriété les fêtes des saints martyrs, afin que nous imitions ceux qui nous ont précédés, et qu’eux-mêmes s’applaudissent de vous en priant pour vous : afin que « la bénédiction du Seigneur demeure éternellement sur vous : ainsi soit-il, ainsi soit-il ! »

  1. Mt. 23,37-38