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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IX.djvu/635

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inondés, et qui s’écrièrent : « Ce discours est dur, et qui peut l’entendre[1] ? » Telle est la pierre, telle est la dureté convertie en étang d’eau, et ce rocher devint une source d’eau vive, quand, après sa résurrection, il leur montra par tous les Prophètes, à commencer par Moise, que le Christ devait souffrir de la sorte[2], et qu’il leur envoya l’Esprit-Saint, dont il est dit : « Que celui qui a soif vienne à moi, et qu’il boive[3] ».
12. « Ce n’est point à nous, Seigneur, ce n’est point à nous, mais à votre nom qu’il faut donner la gloire[4] ». Cette grâce, ou cette eau vive, qui s’échappe de la pierre (et la pierre était le Christ[5], n’a pas été donnée en vertu des mérites qui l’auraient précédée ; mais celui qui justifie l’impie[6] l’a donnée par un acte de miséricorde. Car c’est pour les impies que le Christ est mort[7], afin que les hommes ne cherchassent point leur gloire, mais celle de Dieu.
13. « A cause de votre miséricorde et de votre vérité », ajoute le Prophète. Voyez combien souvent sont unies dans l’Écriture, ces deux vertus, la miséricorde et la vérité. C’est dans sa miséricorde que Dieu appelle à lui les impies, et c’est dans sa vérité qu’il juge ceux qui ont refusé de venir. « Afin que les nations ne disent jamais : Où est leur Dieu[8] ? » Au dernier jour apparaîtront sa miséricorde et sa vérité, quand le signe du Fils de l’homme se montrera dans le ciel, et alors toutes les tribus de la terre seront dans les larmes, et ne diront point : « Où est leur Dieu ? » car alors on ne leur prêchera plus la foi en lui, mais elles le verront dans sa majesté.
14. « Notre Dieu est au plus haut des cieux ». Non point dans ces mêmes cieux où les nations voient le soleil, la lune, ces œuvres de Dieu, qui sont leurs divinités ; mais notre Dieu est par-dessus les cieux, c’est-à-dire au-dessus de tous les corps, et célestes et terrestres. Il n’habite point le ciel, de manière à craindre que le ciel se retire, et qu’il se trouve ainsi sans aucun siège. « C’est lui qui a fait tout ce qu’il lui a plu dans les cieux et sur la terre »[9]. Il n’a aucun besoin des ouvrages qu’il a créés, comme pour s’en faire un siège ou une demeure. Mais il subsiste dans son éternité, il y demeure pour faire ce qu’il lui plaît dans le ciel et sur la terre, Les cieux en effet ne le portaient point afin d’être faits par lui, puisque s’ils n’étaient déjà faits, ils ne pourraient le porter. C’est donc lui qui maintient comme ayant besoin de lui ces créatures dans lesquelles il est présent, et non lui qui a besoin d’être contenu en elles. Ces paroles : « Il a fait ce qu’il lui a plu dans le ciel et sur la terre », peuvent encore s’entendre en ce sens que volontairement il répand sa grâce sur ceux de son peuple qui sont élevés, et sur ceux qui sont dans les basses conditions, afin que nul ne se glorifie du mérite de ses œuvres. Que les montagnes en effet bondissent comme des béliers, que les collines tressaillent comme des agneaux, la terre s’est ébranlée devant la face du Seigneur, afin que nul ne demeure éternellement dans les souillures d’ici-bas.

  1. Jn. 6,61
  2. Lc. 24,26-27
  3. Jn. 7,37
  4. Ps. 113,1
  5. 1 Cor. 10,4
  6. Rom. 4,5
  7. Id. 5,6
  8. Ps. 113,2
  9. Ps. 129,3