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l’accomplissement de ses préceptes jusqu’à mériter d’être rangés à sa droite à l’heure du jugement. Alors en effet ceux qui seront à la gauche seront précipités dans les flammes éternelles, tandis que, les justes entreront dans l’éternelle vie[1]. Là ceux-ci le verront, comme ne le voient pas les impies ; car l’impie disparaîtra pour ne point voir la clarté du Seigneur[2] ; ces impies n’en verront pas même le reflet. « Or, est-il dit voici la vie éternelle, vous connaître, vous, le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ que vous avez envoyé[3] ; » vous connaître et le connaître comme on connaîtra dans cette éternité, où sous la forme d’esclave il conduira les esclaves, afin que, devenus libres, ils contemplent en lui sa nature de Seigneur.


LIVRE QUATRIÈME.
Quelques traits particuliers dans S. Marc, S. Luc et S. Jean.

PROLOGUE.

1. Nous avons étudié d’une manière très détaillée le texte de saint Matthieu en lui comparant jusqu’à la fin les passages correspondants des autres évangélistes ; et jamais nous n’avons rencontré la plus légère contradiction. Nous allons maintenant faire du texte de saint Marc une étude spéciale ; nous passerons sous silence tous les passages que nous avons examinés au sujet de saint Matthieu et nous montrerons que les autres n’impliquent aucune contradiction dans les récits évangéliques jusqu’à la cène du Seigneur. Tout ce qui suit la cène jusqu’à la fin, nous l’avons examiné et nous avons trouvé une concordance parfaite entre les quatre évangélistes.

CHAPITRE PREMIER. ENTRÉE DE JÉSUS À CAPHARNAÜM.

2. Saint Marc débute ainsi : « Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu comme il est écrit dans le prophète Isaïe », etc, jusqu’à ces mots : « Et ils vinrent à Capharnaüm et, le jour du sabbat, entrant aussitôt dans la synagogue, il les enseignait[4]. » Tout ce qui précède l’arrivée de Jésus à Capharnaüm a été comparé au texte de saint Matthieu ; quant à cette entrée à Capharnaüm et à l’enseignement que Jésus y donnait, dans la synagogue, le jour du sabbat, saint Marc est ici d’accord avec saint Luc[5] ; et on ne peut y trouver place à aucune difficulté.

CHAPITRE II. EXORCISME À CAPHARNAÜM.

3. Saint Marc continue : « Et ils s’étonnaient de sa doctrine, et en effet il les instruisait comme ayant autorité et non comme les scribes. Or, il se trouva dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur, qui s’écria : Qu’y a-t-il entre vous et nous, Jésus de Nazareth ? êtes-vous venu pour nous perdre », etc, jusqu’à l’endroit où il est dit : « Il prêchait donc dans leurs synagogues et par toute la Galilée, et chassait les démons[6]. » Il y a dans ce passage certains détails que nous ne trouvons que dans saint Marc et saint Luc ; cependant nous les avons déjà traités, en examinant l’Évangile de saint Matthieu ; car ils se présentaient d’une manière si naturelle, que je n’ai pas cru devoir les laisser de côté. Cependant, en parlant de cet esprit immonde, saint Luc dit qu’il sortit du possédé, sans lui faire aucun mal ; tandis que saint Marc affirme que « l’esprit impur ne sortit de lui qu’en le tourmentant horriblement et en jetant un grand cri. » Comment ne pas voir ici une contradiction : l’un nous disant que l’esprit tourmentait horriblement sa victime, et l’autre, qu’il ne lui fit aucun mal ? Mais observons bien le texte de saint Luc : « Et quand le démon eut jeté cet homme au milieu de l’assemblée, il sortit de lui sans lui faire aucun mal. » Ces mots de saint Marc : « Il le tourmenta horriblement », ne sont-ils pas le pendant de ceux-ci de saint Luc : « Il le précipita au milieu de l’assemblée, et malgré cela le possédé n’en éprouva aucun

  1. Mat. 25, 23,46
  2. Isa. 26, 10
  3. Jn. 17, 3
  4. Mrc. 1, 1-24
  5. Luc. 4, 31
  6. Mrc. 1, 22-39