ne sont que le châtiment dû à ses péchés. L’Apôtre saint Pierre, exhortant ses frères à souffrir patiemment pour le nom de Jésus-Christ, disait dans le même sens : « Que personne d’entre vous ne souffre comme homicide, comme voleur, comme médisant, ou avide du bien d’autrui, mais s’il souffre comme chrétien, qu’il ne rougisse point ; au contraire qu’il glorifie Dieu en portant ce nom, car aujourd’hui le jugement commence par la maison de Dieu. Or, s’il commence par nous, comment finira-t-il pour ceux qui ne croient pas à l’Évangile de Dieu ? Et si le juste est à peine sauvé, où le pécheur et l’impie pourront-ils se présenter[1] ? » Ces paroles montrent clairement que les souffrances mêmes qui pèsent sur les justes, sont des instruments de la justice divine ; et si l’Apôtre dit que cette justice commence par la maison de Dieu, c’est pour nous faire conjecturer par là à quels supplices sont réservés les impies dans le siècle à venir. Enfin c’est pour la même raison que saint Paul écrivait aux Thessaloniciens : « De sorte que nous-mêmes nous pouvons nous glorifier de vous au milieu des Églises de Dieu, à cause de votre patience et de votre foi au milieu de toutes vos persécutions et des tribulations que vous supportez, pour servir vous-mêmes d’exemple du juste jugement de Dieu[2]. » Ces paroles se rapportent parfaitement à celles de saint Pierre, lorsqu’il dit qu’aujourd’hui le jugement commence par la maison de Dieu, et à celles-ci du Prophète, rappelées par le même Apôtre : « Si le juste est à peine sauvé, où le pécheur et l’impie pourront-ils se présenter[3]. » Il me semble aussi que si les menaces faites de la part de Dieu au roi David par le prophète Nathan, eurent leur entier accomplissement, malgré le pardon accordé sur-le-champ au repentir du coupable, ce fut pour montrer que ce pardon était donné à l’âme pour lui faire éviter la condamnation qui attend ceux qui ne veulent pas se convertir dans la vie présente. Car saint Pierre dit encore en un autre endroit : « L’Évangile a été aussi annoncé aux morts, afin que jugés devant les hommes selon la chair, ils vivent devant Dieu selon l’esprit[4]. » J’ai voulu dire ces quelques mots, afin de montrer, suivant la mesure de mes forces et autant que le texte même de l’Apôtre m’a donné occasion de le faire, que lorsqu’on parle de la grâce et de la paix de Dieu, il ne faut pas laisser croire aux hommes, par suite de l’interprétation qu’on en donne, que Dieu puisse s’écarter jamais de la justice. Aussi Notre-Seigneur disait lui-même en promettant la paix : « J’ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi, et dans le monde, des tribulations[5]. » Toutefois ces tribulations et ces chagrins amers, lorsque Dieu en fait les instruments de sa justice contre le péché, ne sont pas, pour les bons et pour les justes, pour ceux enfin qui ont plus d’horreur du péché en lui-même que d’aucune sorte de peines corporelles, une occasion de retomber dans le péché ; mais au contraire elles les purifient entièrement des moindres souillures. Et lorsque le moment sera venu, notre corps lui-même recevra une paix parfaite, si notre esprit conserve maintenant d’une manière ferme et immuable la paix que Notre-Seigneur a daigné nous donner par la foi.
11. La Trinité dans les salutations de saint Paul. — L’Apôtre souhaite la grâce et la paix, de la part de Dieu le Père et de la part de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sans ajouter aussi de la part du Saint-Esprit. Voici, suivant moi, pourquoi il s’exprime ainsi : c’est afin de nous faire entendre que le don de Dieu n’est pas autre que le Saint-Esprit lui-même. Conséquemment, la grâce et la paix étant une seule et même chose avec le don de Dieu, cette grâce qui nous délivre de nos péchés, et cette paix qui nous réconcilie avec Dieu, ne peuvent en aucune manière être données aux hommes si ce n’est dans le Saint-Esprit ; et par là même la Trinité des personnes aussi bien que leur immuable unité, se trouvent exprimées dans cette salutation. Un motif me détermine particulièrement à m’attacher à cette interprétation : l’Epître qu’il a écrite aux Hébreux est la seule où il ait ainsi omis à dessein, dit-on, la salutation ordinaire, de peur que les Juifs, qui le poursuivaient de récriminations incessantes, ne vinssent à s’offenser de son nom même, et par suite à lire dans un esprit hostile ou même à ne pas lire du tout, ce qu’il écrivait pour leur salut ; aussi à cause de son début inusité, plusieurs n’ont pas osé recevoir cette épître dans le canon des Écritures. Mais quoi qu’il en soit de cette question, excepté cette épître, toutes les autres qui sont certainement, sans contestation de la part d’aucune Église, de l’Apôtre saint Paul, renferment une salutation semblable à celle de l’Epître aux Romains.