Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VII.djvu/187

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assisté les indigents : « Venez, bénis de mon Père, recevez le royaume » ; ni des paroles qu’il adressera à ceux qui ne les auront pas assistés : « Jetez-les au feu éternel[1] ? » S’il en est ici qui ne m’ont pas entendu avec plaisir, il en est sûrement qui sont satisfaits. C’est à ces vrais chrétiens que je m’adresse pour le moment. Si votre foi, si votre espérance, si votre amour différent des leurs, vivez autrement qu’eux et montrez par la différence de vos mœurs cette autre différence. Ecoutez l’avertissement de l’Apôtre : « Ne traînez point le même joug que les infidèles. « Quoi de commun entre la justice et l’iniquité ? ou quelle alliance entre la lumière et les ténèbres ? Quel commerce entre le fidèle et l’infidèle ? Quel rapport entre le temple de Dieu et les idoles[2] ? » Il dit encore ailleurs. « Ce qu’immolent les gentils, ils l’immolent aux démons et non à Dieu. Je ne veux pas, s’écrie-t-il, que vous ayez aucune société avec les démons[3] ». Les mœurs des gentils plaisent à leurs dieux. L’Apôtre donc en disant : « Je ne veux pas que vous fassiez société avec les démons », entend que les chrétiens se distingueront, par leur conduite et par leurs mœurs, des esclaves des démons. Ces démons aiment les chants frivoles, les spectacles bouffons, les hontes multipliées du théâtre, la folie du cirque, la cruauté de l’amphithéâtre, les combats animés de ceux qui luttent et disputent, souvent jusqu’à l’inimitié, en faveur d’hommes pestilentiels, en faveur d’un comédien, d’un historien, d’un pantomime, d’un cocher, d’un gladiateur. Ces actes sont comme de l’encens offert dans leurs cœurs aux démons ; car ces esprits séducteurs prennent plaisir à faire des dupes ; ils se repaissent en quelque sorte des iniquités, des hontes et des infamies de leurs victimes. « Pour vous », comme dit l’Apôtre, « ce n’est pas ainsi que vous connaissez le Christ, si toutefois vous l’avez écouté et si vous avez été formés à son école[4]. N’ayez donc point de commerce avec eux. Car, si autrefois vous étiez ténèbres, vous êtes maintenant lumière dans le Seigneur ; conduisez-vous comme des enfants de lumière[5] » ; afin que nous aussi, qui vous annonçons la divine parole, nous puissions, avec vous et à cause de vous, nous réjouir à cette lumière éternelle.


SERMON CXCIX. POUR L’ÉPIPHANIE. I. LA GLOIRE DU CHRIST.

ANALYSE. – La gloire du Christ nous est aujourd’hui révélée, premièrement par les Mages accourus d’Orient pour l’adorer secondement par l’étoile qui les dirige, troisièmement par les Écritures qui lui rendent témoignage. En vain des savants superficiels essaient-ils d’appuyer sur l’apparition de l’étoile le système impie de l’astrologie judiciaire. Les astres évidemment n’exercent aucun empire sur le Christ ; au contraire ils lui obéissent à sa naissance comme ils lui obéiront à sa mort.

1. Nous célébrions dernièrement le jour où le Seigneur est né parmi les Juifs ; nous célébrons aujourd’hui celui où il a été adoré par les gentils. « Ainsi le salut vient des Juifs[6] » ; et ce « salut s’étend jusqu’aux extrémités de la terre[7] ». Le premier jour ce sont les bergers qui l’ont adoré, ce sont les Mages aujourd’hui. Aux uns il a été annoncé par des anges, aux autres par une étoile ; et tous, en voyant sur la terre le Roi du ciel, ont appris

  1. Mat. 25, 34, 41.
  2. 2Co. 6, 14-15.
  3. 1Co. 10, 20.
  4. Eph. 4, 20-21.
  5. Id. 5, 7, 8.
  6. Jn. 4, 22.
  7. Isa. 49, 2, 6.