Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VII.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
SERMON CCXII. POUR LE CINQUIÈME LUNDI DE CARÊME. EXPLICATION DU SYMBOLE. 1

ANALYSE. – Dans cette courte explication adressée aux Catéchumènes, saint Augustin montre plutôt la liaison que le sens détaillé des parties du Symbole. Il termine en disant pour quel motif il était alors défendu de l’écrire.

1. Il est temps de vous livrer le Symbole, qui contient en peu de mots ce que vous croyez en vue du salut éternel. Le mot symbole est pris ici par analogie, dans un sens figuré. On dit des négociants qu’ils font un symbole quand, pour le maintien de leur société, ils font entre eux un pacte de fidélité. Votre société aussi n’est-elle pas une espèce de commerce spirituel, et ne ressemblez-vous pas aux marchands qui sont en quête de la perle précieuse[1] ? C’est la charité que répandra dans vos cœurs l’Esprit-Saint qui vous sera donné[2]. Or ; on y parvient par la loi contenue dans le Symbole. Croyez donc en Dieu, le Père tout-puissant, invisible, immortel, le Roi des siècles, le Créateur de ce qui est invisible et de ce qui est visible ; croyez de lui encore toutes les grandeurs que nous montre en lui la raison dans sa pureté ou l’autorité des saintes Écritures. Mais de ces grandeurs n’excluez pas le Fils de Dieu. Si on les attribue au Père, ce n’est pas pour les refuser à Celui qui a dit : « Mon Père et moi nous sommes un[3] » ; et de qui l’Apôtre a écrit : « Il avait la nature de Dieu et a il ne croyait point usurper en se faisant égal à Dieu[4] ». Usurper, c’est s’attribuer une chose étrangère ; or, l’égalité avec Dieu est la nature même du Fils de Dieu. Comment donc ne serait-il pas tout-puissant, puisque tout a été fait par lui, puisqu’il est la Puissance et cette Sagesse de Dieu[5], dont il est écrit qu’étant « une, elle peut tout[6] ? » Il est aussi invisible par nature, par cette nature qui le rend l’égal du Père. N’est-il pas invisible en effet ce Verbe de Dieu qui était au commencement et qui était Dieu [7] ? Comme tel il est aussi complètement immortel, c’est-à-dire immuable sous tout rapport. L’âme humaine est bien immortelle à un point de vue ; mais elle ne possède point l’immortalité véritable, puisqu’elle est mobile, capable de reculer et de progresser. Elle meurt, quand elle renonce à la vie de Dieu ; par suite de l’ignorance qui est en elle ; elle vit, quand elle court à la source de la vie, pour jouir, à la clarté de Dieu, de la lumière de Dieu. Vous aussi vous vivrez de cette vie, lorsque par la grâce du Christ vous sortirez de l’état de mort auquel vous renoncez. Quant au Verbe de Dieu ; quant au Fils unique de Dieu, il possède avec son Père une vie toujours immuable ; il ne perd rien, car il n’y a point diminution dans ce qui reste toujours le même ; il n’acquiert rien non plus, car ce qui est parfait ne saurait croître. Il est aussi le Roi des siècles, le Créateur des choses visibles et des choses invisibles. En effet, comme le dit l’Apôtre : « C’est par lui que toutes choses ont été créées au ciel et sur la terre, les visibles et les invisibles, soit Trônes, soit Dominations, soit Principautés, soit Puissances ; tout a été créé par lui et en lui, et pour lui tout subsiste[8] ». Cependant, comme « il s’est, anéanti », non pas en perdant la nature de Dieu, mais « en prenant une nature d’esclave[9] » ; par cette nature d’esclave il est devenu visible, puisqu’il est né de l’Esprit-Saint et de la Vierge Marie. Comme esclave encore le Tout-Puissant est devenu faible, puisqu’il a souffert sous Ponce-Pilate. Comme esclave l’Immortel est mort, puisqu’il a été crucifié et enseveli. Comme

  1. Mat. 13, 45
  2. Rom. 5, 5
  3. Jn. 10, 30
  4. Phi. 2, 6
  5. 1Co. 1, 24
  6. Sag. 7, 27
  7. Jn. 1, 3, 1
  8. Col. 1, 16, 17
  9. Phi. 2, 7