Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VII.djvu/218

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esclave le Roi des siècles est ressuscité le troisième jour. Comme esclave le Créateur des choses visibles et des êtres invisibles est monté aux cieux, quoiqu’ils ne les ait quittés jamais. Comme esclave il est assis à la droite du Père, quoiqu’il soit le bras du Père, puisqu’un prophète a dit de lui : « Et le bras du Seigneur, à qui s’est-il manifesté[1] ? » Comme esclave il viendra juger les vivants et les morts, avec qui il a voulu mourir, quoiqu’il soit la vie des vivants. C’est par lui que le Père et lui-même nous ont envoyé l’Esprit-Saint. Cet Esprit du Père et du Fils a été envoyé par le Père et par le Fils, sans être engendré par l’un ni par l’autre ; il est le lien de tous deux, et tous deux il les égale. Voilà la Trinité, voilà le Dieu unique, tout-puissant, invisible, le Roi des siècles, le Créateur de ce qui est visible et de ce qui est invisible. Car nous ne disons pas qu’il y ait ni trois Seigneurs, ni trois Tout-Puissants, ni trois Créateurs ; nous ne prononçons au pluriel aucun de ces noms réservés à la grandeur de Dieu, attendu qu’il n’y a pas trois dieux, mais un seul Dieu. Et pourtant, dans cette auguste, Trinité, le Père n’est pas le Fils, le Fils n’est pas le Père, l’Esprit-Saint n’est non plus ni le Père ni le Fils s le Père est simplement le Père du Fils ; le Fils, le Fils du Père ; et le Saint-Esprit, l’Esprit du Père et du Fils. Croyez pour comprendre ; car vous ne comprendrez point si vous ne croyez[2]. Avec cette foi espérez la grâce qui effacera tous vos péchés ; c’est par là que vous serez sauvés et non par vous-mêmes, car le salut est un don de Dieu. Espérez aussi qu’après cette mort qui nous abat tous en punition du crime antique du premier homme, vos corps mêmes ressusciteront à la fin des siècles, non pas pour être accablés de douleurs, comme les impies, qui ressusciteront aussi ; non pas pour goûter les joies des désirs charnels, comme s’y attendent les insensés ; mais pour expérimenter ce que dit l’Apôtre : « On sème un corps animal, il s’en élèvera un corps spirituel[3] », un corps qui ne sera plus un fardeau pour l’âme et qui, ne perdant plus rien n’aura plus besoin d’aucun aliment.

2. Je vous devais ce petit discours sur l’ensemble du Symbole ; le voilà terminé, et vous reconnaîtrez qu’il comprend en peu de mots tout ce qu’on vous montrera dans ce Symbole. Afin toutefois de retenir ce Symbole mot à mot, vous ne devez pas l’écrire, mais, l’apprendre en l’entendant ; vous ne devez pas même l’écrire lorsque vous le saurez, mais le retenir et le réciter toujours de mémoire. Sans doute, tout ce que vous verrez dans le Symbole est contenu dans les saintes Écritures ; et s’il n’est pas permis de l’écrire après l’en avoir ainsi recueilli et en avoir formé cet abrégé, c’est en souvenir des divines promesses exprimées ainsi par un Prophète, à propos du Nouveau Testament : « Voici l’alliance que je formerai alors avec eux, dit le Seigneur : j’écrirai ma loi dans leur esprit et je la graverai dans leur cœur[4] ». En mémoire donc de ces paroles, on apprend le Symbole en l’écoutant ; on ne le grave ni sur des tablettes, ni sur une matière quelconque, mais dans le cœur. Celui qui vous convie à son royaume et à sa gloire, vous accordera la grâce, quand vous aurez été régénérés, que le Saint. Esprit lui-même l’écrive aussi dans vos cœurs. Par là vous aimerez ce que vous croyez, la foi agira en vous par la charité et vous plairez ainsi au Dispensateur de tous les biens, au Seigneur notre Dieu, non pas en craignant la peine comme des esclaves, mais en vous affectionnant à la justice comme des enfants. Voici donc le Symbole dont l’Écriture et les discours de l’Église vous ont appris la substance, et que les fidèles doivent retenir et pro, fesser sous cette courte formule.

  1. Isa. 56, 1
  2. Isa. 7, 9, sel. LXX
  3. 1Co. 15, 54
  4. Jer. 31, 33