Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VII.djvu/560

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longuement, car vous connaissez mes fatigues. C’est aux prières de saint Étienne que je dois d’avoir pu tant travailler hier à jeun et sans succomber, ainsi que de pouvoir vous parler encore aujourd’hui.


SERMON CCCXXI. PROMESSE DE LA RELATION ÉCRITE.

Nous disions hier, votre charité se le rappelle : La relation présentée par cet homme consiste à le voir. Cependant, comme il nous a fait connaître certains détails que vous devez savoir pour admirer et glorifier davantage Notre-Seigneur au souvenir de ces saints dont il est écrit : « La mort des saints du Seigneur est précieuse à ses yeux[1] » ; il est bon que nous vous donnions encore un mémoire qui contienne tout ce que nous avons appris de la bouche de cet homme guéri. Mais, s’il plaît au Seigneur, on le préparera aujourd’hui, et demain on vous en fera lecture.

SERMON CCCXXII. RELATION DE LA GUÉRISON.

Nous promettions hier à votre charité une relation qui puisse vous apprendre sur cet homme guéri ce que vous n’avez pu voir. S’il vous plaît donc, ou plutôt, comme ce qui me plaît doit vous plaire aussi, le frère et la sœur vont se tenir ici sous vos yeux ; ainsi, ceux d’entre vous qui n’ont pas vu ce que celui-ci endurait, le verront dans ce que souffre celle-là. Qu’ils viennent donc tous deux, et celui qui a obtenu miséricorde, et celle pour qui nous devons demander grâce.

Copie de la relation présentée par Paul à l'évêque Augustin.

Je vous prie, bienheureux seigneur et père, Augustin, de faire lire à votre saint peuple cette relation que vous m’avez commandé de vous offrir.

Quand nous habitions encore notre patrie, la ville de Césarée en Cappadoce, notre frère aîné poussa contre notre mère l’outrage et l’insolence jusqu’à oser, crime intolérable ! porter la main sur elle. Quoique réunis tous autour d’elle, nous souffrîmes cette injure, nous ses enfants, avec tant d’insensibilité, qu’il ne nous arriva même pas de dire un mot en faveur de notre mère, ni de demander à notre frère raison de sa conduite. En proie à la plus vive douleur que puisse ressentir une femme, notre mère résolut de punir, en le maudissant, ce fils outrageux.

Elle courait donc, après le chant du coq, vers les fonts sacrés du baptême, pour appeler la colère de Dieu sur son malheureux fils. Alors se présenta à elle, sous la figure de l’un de nos oncles, je ne sais qui, un démon probablement ; et, s’adressant le premier à elle, il lui demanda où elle allait. Elle répondit que pour punir son fils de l’intolérable outrage qu’elle

  1. Psa. 115, 15.