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DISCOURS SUR LE PSAUME 17

CHANT DE DÉLIVRANCE.

L’Église unie à Jésus-Christ et triomphant des embûches des méchants, s’empare des paroles de David après que Dieu l’eût délivré de Saül et de ses ennemis ; elle bénit le même Dieu qui l’a délivrée du démon et des convoitises charnelles.


1. « Pour la fin, à David, serviteur de Dieu[1] », c’est-à-dire au Christ, qui en son humanité, est la main forte. « Il chanta au Seigneur les paroles de ce cantique, au jour où le Seigneur l’arracha à la puissance de ses ennemis, à la puissance de Saül[2] » ; ce Saül était le roi des Juifs, qu’eux-mêmes avaient demandé pour roi. De même que David signifie la main forte, Saül signifie demande. Or, on sait comment ce peuple demanda au Seigneur un roi[3], qui lui fut donné, non d’après les volontés de Dieu, mais selon sa propre volonté.
2. C’est donc le Christ uni à l’Église, ou le Christ tout entier, la tête et le corps, qui s’écrie : « Je vous aimerai, Seigneur, qui êtes ma force[4] », ou, je vous aimerai parce que vous me rendez fort.
3. « Vous êtes, ô Dieu, mon protecteur, mon refuge et mon libérateur[5] ». C’est vous qui m’avez protégé parce que je me suis réfugié en vous, et je me suis réfugié en vous, parce que vous m’avez délivré. « Le Seigneur est mon aide, en lui sera mon espoir ». C’est vous, ô Dieu, qui m’avez accordé la faveur de m’appeler, afin que je pusse espérer en vous. « Vous êtes mon protecteur, le boulevard de « mon salut, et mon rédempteur[6] ». Vous êtes mon protecteur, parce que je n’ai point trop présumé de moi en élevant contre vous le boulevard de mon orgueil ; mais c’est en vous que j’ai trouvé la puissance ou la haute et solide forteresse de mon salut ; et pour me la faire trouver, vous m’avez racheté.
4. « Je louerai le Seigneur, et je l’invoquerai, et il me délivrera de mes ennemis[7] ». Ce n’est point en cherchant ma gloire, mais bien celle du Seigneur, que je l’invoquerai, et je n’aurai plus à craindre que les erreurs de l’impiété me soient nuisibles.
5. « Les douleurs de la mort », ou douleurs corporelles, « m’ont environné, et les torrents de l’iniquité m’ont troublé[8] ». Ces multitudes impies un moment soulevées, comme les eaux de l’hiver qui se gonflent pour cesser bientôt, se sont efforcées de me troubler.
6. « Les douleurs de l’enfer m’ont assiégé[9] ». Chez ceux qui m’environnaient pour me perdre, il y avait ces tortures de la jalousie qui causent la mort, et aboutissent à l’enfer du péché. « Les filets de la mort m’ont prévenu », et ils me prévenaient, en cherchant les premiers à me faire un mal qui est retombé sur eux. Ces filets enveloppent pour la mort les hommes qu’ils ont surpris en leur vantant cette fausse justice, ce vain nom sans réalité, dont ils se glorifient contre les Gentils.
7. « Au milieu de l’angoisse, j’ai invoqué le Seigneur ; j’ai crié vers mon Dieu, et de son saint temple il a entendu ma voix[10] ». Il a entendu ma voix dans mon cœur où il habite, « et le cri que j’ai poussé en sa présence ». Ce cri que n’entendent point les oreilles des hommes, et que j’exhale intérieurement en sa présence, « est parvenu à son oreille ».
8. « La terre s’en est émue et a tremblé[11] ». Ainsi, quand le Fils de l’homme fut glorifié, les pécheurs furent émus et tremblèrent. « Et les fondements des montagnes ont été ébranlés » Les espérances que les superbes avaient fondées sur les biens de cette vie ont été renversées. « Ils ont été ébranlés, parce que le Seigneur s’est irrité contre eux », afin que l’espérance dans les biens terrestres ne s’affermît pas désormais dans les cœurs des hommes.
9. « Un tourbillon de fumée s’est élevé devant

  1. Ps. 17,1
  2. 2 Sa. 22,11 ; Ps. 17,2
  3. 1 Sa. 8,5
  4. Ps. 17,2
  5. Id. 3
  6. Id.
  7. Id. 4
  8. Ps. 17,5
  9. Id. 6
  10. Id. 7
  11. Id. 8