reçue gratuitement, puisque tu as pensé pouvoir avec de l’argent acheter un don qui est gratuit. Et parce qu’il est gratuit, il prend le nom de sort : « Tu n’as ni part ni sort dans cette croyance ». Je me suis étendu quelque peu, afin que cette expression : « Mon sort est entre vos mains », ne vous inspirât aucune terreur. Quel est ce sort ? L’héritage de l’Église. Quelles en sont les bornes ? Les bornes du monde. « Je te donnerai les nations en héritage, et ta possession s’étendra jusqu’aux confins de la terre[1] ». Que l’homme ne vienne donc point m’en promettre je ne sais quelle partie. « Mon sort, ô mon Dieu, est entre vos mains ». Que cela vous suffise aujourd’hui, mes frères ; demain, au nom et avec le secours de Dieu, nous vous expliquerons le reste du psaume.
DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME 30.
TROISIÈME SERMON. – ESPOIR DU JUSTE.
Nos ennemis à combattre sont le démon et les chrétiens indignes. Repoussons l’un, séparons-nous des autres. Comment sou devons invoquer Dieu. Confusion des pécheurs. Nécessité de confesser hautement Jésus-Christ. Bonheur que Dieu fait goûter à ceux qui espèrent en lui.
1. Il nous reste un peu plus du tiers de ce psaume sur lequel nous avons déjà parlé deux fois, et je vois néanmoins qu’il faut en finir aujourd’hui. C’est pourquoi je prie de me pardonner, si je ne m’arrête point aux endroits qui sont clairs, afin de nous occuper de ceux qui ont besoin d’explication. Dans beaucoup de passages, le sens se présente naturellement à l’esprit, d’autres ont besoin d’être quelque peu éclaircis, d’autres enfin, quoique peu nombreux, exigent beaucoup d’attention pour être compris. Afin donc de mesurer le temps à vos forces et aux nôtres, voyez et reconnaissez avec nous ces passages qui sont clairs, louez-y Dieu : priez si le psaume est une prière, gémissez quand il gémit, tressaillez s’il est dans l’allégresse, espérez s’il espère, et craignez s’il exprime la crainte. Tout ce qui est écrit ici doit nous servir de miroir.
2. « Délivrez-moi des mains de mes ennemis, et de ceux qui me persécutent[2] ». Faisons nous-mêmes cette prière, et que chacun de nous la fasse à propos de ses ennemis. Il est bon, et nous devons demander à Dieu qu’il nous délivre des mains de ceux qui nous haïssent. Mais faisons bien la part des ennemis. Il faut prier pour les uns, et prier contre les autres. Nous ne devons avoir aucune haine contre ceux qui nous haïssent, quels qu’ils soient ; si tu hais celui qui te fait souffrir, au lieu d’un méchant, il y en a deux. Aimons donc celui-là même qui nous persécute, afin qu’il demeure seul dans sa malice, Les ennemis contre lesquels il nous faut prier, sont le diable et ses anges, qui nous envient le royaume des cieux, qui ne peuvent souffrir que nous occupions ces places d’où ils sont bannis ; demandons que notre âme soit délivrée de leurs mains. Car les hommes deviennent souvent leurs instruments jusque dans la haine qu’ils ont pour eux. Aussi saint Paul, nous avertissant des précautions que nous devons prendre contre ces ennemis, dit ami chrétiens persécutés, et qui devaient endurer, tantôt les soulèvements, tantôt les fourberies, tantôt la haine des hommes : « Vous n’avez pas à combattre contre la chair et le sang, c’est-à-dire contre les hommes, mais contre les principautés, contre les puissances, contre les princes de ce monde[3] ». De quel monde ? Est-ce du ciel et de la terre ? A Dieu