Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/387

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Afrique, il y a l’unité catholique avec eux, et dans les autres parties du monde, ils ne sont pas avec l’Église catholique.) « A nos frères très saints et collègues établis dans toute d’Afrique, c’est-à-dire dans la province proconsulaire, dans la Numidie, la Mauritanie, la Byzacène et Tripoli ; à tous les prêtres et diacres, à tous les peuples militant avec nous dans la vérité de l’Évangile, Victorin, Fortumat, Victorien, Miggin, Saturnin, Constance, Candoire, Innocent, Cresconius, Florent, Salvius, un autre Salvius, Donat, Géminius, Prétextat » (c’est là cet Assuritain qu’ils ont reçu dans la suite, et qui à son tour reçut celui qui l’avait condamné), « Maximien, Théodore, Anastase, Donatien, Donat, un autre Donat, Pompone, Pancrace, Janvier, Secundinus, Pascase, Cresconius, Rogatien, un autre Maximien, Bénénat, Gaïen, Victorin, Contaise, Quintaise, Félicien » (est-ce ce Mustitain qui vit encore ? C’en est peut-être un autre et d’un autre endroit), « Salvius, Miggin, Proculus, Latinus, et les autres réunis au concile de Cabarsusse, salut en Notre-Seigneur. Il n’est personne, frères bien-aimés, pour ignorer que les prêtres du Seigneur ne suivent point leur volonté, mais la loi de Dieu, soit quand ils condamnent des coupables, soit quand ils écoutent la justice pour absoudre les innocents des peines qui leur étaient infligées. C’est également s’exposer à un grand péril que d’épargner un coupable ou de s’efforcer d’accabler un innocent ; surtout qu’il est écrit : Vous ne ferez mourir ni l’innocent, ni le juste, et s vous ne justifierez point le coupable[1]. Cet oracle de l’Écriture nous imposait l’obligation d’évoquer la cause de Primianus, que le peuple saint de Carthage avait établi évêque de cette église, pour veiller sur le bercail du Seigneur. Les lettres des anciens de cette église nous forçaient d’écouter, d’examiner q toutes choses à son sujet, afin qu’après avoir stout pesé, nous pussions, ou le déclarer innocent, ce qui eût été bien désirable, ou, s’il était coupable, montrer à tous qu’il était justement condamné. Notre plus vif désir était que le peuple de l’église de Carthage pût s’applaudir d’avoir à sa tête un évêque entièrement saint, exempt de tout reproche. Il faut en effet qu’un prêtre du Seigneur soit tel qu’il puisse mériter et obtenir pour son peuple ce que ce même peuple ne pourrait lui-même obtenir de Dieu ; car il est écrit : Si le peuple a péché, le prêtre priera pour lui ; mais si le prêtre vient à pécher, qui donc priera pour lui ? »[2] (Les apôtres eux-mêmes se recommandaient aux prières des peuples, et ils disaient dans leurs prières : « Pardonnez-nous nos offenses »[3]. L’apôtre saint Jean a dit : « Devant Dieu le Père nous avons pour avocat Jésus-Christ qui est juste ; c’est lui qui est la victime de propitiation pour nos péchés »[4]. Mais ce qu’ils citent regarde ce prêtre qu’ils ne comprennent pas, et a été écrit pour avertir le peuple par cette prophétie, qu’il doit reconnaître pour prêtre celui pour qui nul ne prie. Or, quel est le prêtre pour qui nul ne prie, sinon celui qui prie pour tous ?[5] On était alors sous le sacerdoce lévitique ; alors le prêtre pénétrait dans le sanctuaire ; il offrait des victimes pour le peuple, et on avait une image du prêtre futur et non la réalité ; les prêtres d’alors étaient pécheurs comme les autres hommes ; et Dieu voulant, par cette prophétie, avertir le peuple d’appeler, par ses désirs, ce Prêtre qui intercède pour tous sans que personne doive prier pour lui, le désigne ainsi dans ces avertissements : « Que le peuple pèche, le prêtre prie pour lui ; mais si le prêtre vient à pécher, qui priera pour lui ? » Donc, ô peuple, choisis un prêtre pour lequel tu ne sois point obligé de prier, mais dont la prière devienne pour toi une sécurité. Ce prêtre est Notre-Seigneur Jésus-Christ, le seul Prêtre, le seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme[6]. « Or, les scandales de Primianus et sa perversité si particulière l’ont tellement désigné au jugement du ciel, que l’auteur de tant de crimes devait être nécessairement retranché ; lui qui, récemment ordonné » (voici qu’ils énumèrent les crimes de Primianus), « a poussé les prêtres de ce même peuple de Carthage à entrer dans une conjuration impie, et leur a demandé, comme par grâce, d’être d’accord avec lui » ; (voilà ce qu’il leur demanda ; mais eux, loin de le lui promettre, gardèrent le silence ; alors il ne craignit pas d’accomplir seul le crime qu’il méditait), « afin de condamner quatre diacres, hommes distingués et d’un mérite reconnu par tous, savoir, Maximien, Rogatien, Donat et Salgame ». (

  1. Exod. 23,7
  2. 1 Sa. 2,25
  3. Mt. 6,12
  4. Jn. 2,1-2
  5. Rom. 8,34
  6. 1 Tim. 2,5