Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/554

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

m’honorer : c’est la voie par laquelle je manifesterai le salut de Dieu[1] », C’est donc dans le sacrifice de louanges qu’est « cette voie par laquelle je manifesterai le salut de Dieu ». Qu’est-ce que le salut de Dieu ? C’est Jésus-Christ ; et comment le Christ nous est-il montré dans le sacrifice de louanges ? C’est que le Christ vient en nous avec la grâce. Voici ce que dit l’Apôtre : « Je vis, non plus moi, mais le Christ vit en moi : et si je vis maintenant dans un corps charnel, je vis dans la foi du Fils de Dieu, qui m’a aimé, et qui s’est livré pour moi[2] ». Que les pécheurs reconnaissent donc qu’ils n’auraient pas besoin du médecin, s’ils jouissaient de la santé[3]. Car le Christ est mort pour les impies[4]. Pour eux donc, reconnaître leurs impiétés, puis imiter le publicain qui disait : « Seigneur, soyez-moi propice, car je suis un pécheur[5] », c’est découvrir leurs blessures au médecin, et implorer son assistance. Comme ils ne se louent pas eux-mêmes, comme ils s’accusent au contraire, de sorte que si quelqu’un d’eux se glorifie, il ne se glorifie pas en lui-même, mais dans le Seigneur[6], ils proclament la cause de l’avènement du Christ qui est venu pour sauver les pécheurs. « Jésus-Christ est venu dans ce monde », nous dit saint Paul, pour sauver les pécheurs, entre lesquels je suis le premier[7] ». Aussi, quand les Juifs se glorifient de leurs œuvres, le même Apôtre réprime leur orgueil, jusqu’à dire qu’ils n’appartiennent pas à la grâce, eux qui comptent sur leurs mérites et sur leurs œuvres pour obtenir une récompense[8]. Quiconque sait en effet qu’il appartient à la grâce, qui est le Christ et qui vient du Christ, comprend qu’il a besoin de la grâce. Ce qui est appelé grâce, est donné gratuitement ; et dès lors nul mérite en toi n’a pu précéder et provoquer ce qui est un don gratuit. Si tes mérites avaient précédé, la récompense ne serait plus regardée comme une grâce, mais comme l’acquit d’une dette[9]. Si donc tu prétends que tes mérites ont précédé, c’est toi et non le Seigneur que tu veux louer ; et dès lors tu ne reconnais plus le Christ qui est venu avec la grâce. Ainsi, abaisse un regard sur tes œuvres, comprends quelle en était la malice, en sorte qu’elles appelaient sur toi le châtiment et non la récompense. Et quand tu auras compris ce qui était dû à tes mérites, tu comprendras aussi ce que tu reçois par la grâce, et tu glorifieras Dieu par le sacrifice de louanges. Telle est la voie qui te montrera dans le Christ le salut de Dieu.

DISCOURS SUR LE PSAUME 50

SERMON AU PEUPLE DE CARTHAGE.

LA PÉNITENCE.

Culpabilité des chrétiens au théâtre, et prière à Dieu de les ramener comme David. La faute d’un si grand homme n’est un encouragement que pour les méchants. Profit qu’en doivent tirer les âmes de bonne foi. Danger de la prospérité, David persécuté demeure juste. Précaution contre le désespoir. David n’a point péché par ignorance, mais il implore la miséricorde et se fait justice à lui-même. Parabole de Nathan. La brebis du pauvre. La femme adultère obtient son pardon ; comme pour David, son péché est toujours sous ses yeux. Dieu seul est sans péché. Souillure universelle. Dieu pardonne à quiconque se châtie. Les Ninivites. L’hysope ou l’humilité aide à nous purifier. L’homme humble écoute comme Jean-Baptiste. Dieu châtie en cette vie pour épargner en l’autre. David en face d’Absalom et de Séméi. Union à l’Esprit-Saint, au Verbe de Dieu. Sacrifice de la loi nouvelle ; prière pour l’Église. Réprimons le péché dans nous et dans les autres.


1. La vue d’une foule si nombreuse m’impose le devoir de ne point tromper son attente, et de ne pas surcharger sa faiblesse. Je vous demanderai seulement du silence et du repos, afin qu’après les fatigues d’hier, j’aie encore assez de voix et de force. Il faut croire que

  1. Ps. 49,23
  2. Gal. 2,20
  3. Mt. 9,22
  4. Rom. 5,6
  5. Lc. 17,13
  6. 1 Cor. 1,31
  7. 1 Tim. 1,15
  8. Gal. 5,4
  9. Rom. 4,4