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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/623

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récompense ; sur la terre et dans le ciel il nous donnera la vie dont il est la source, et dont il est écrit : « Je suis la voie, la vérité et la vie[1] ». Ainsi pourrons-nous lui plaire ici-bas dans la lumière de la foi ; au ciel, en sa présence, dans la lumière de son visage, dans la lumière des vivants.


DISCOURS SUR LE PSAUME 56

SERMON AU PEUPLE

ESPÉRANCE EN DIEU.

Jésus-Christ, voulant nous porter à nous aimer les uns les autres, nous a aimés le premier ; et cet amour, il nous l’a particulièrement manifesté dans sa passion. Le psaume LVIe a trait à cette passion du Sauveur ; nous y trouvons des rapprochements qui conviennent bien mieux à Jésus-Christ qu’à David : ainsi, le titre du psaume et celui de la croix, la caverne où se cacha David pour échapper aux poursuites de Saül et le tombeau où le Sauveur cacha sa divinité. La prière du roi fugitif convient donc parfaitement à l’Homme-Dieu-souffrant : comme elle dépeint bien la faiblesse de son humanité sainte, sa confiance en Dieu le Père, l’inanité des efforts de ses ennemis, la honte qui est devenue leur partage, la gloire qui résulte pour lui des ignominies de sa passion ! Admirable exemple donné à chacun de nous au milieu des épreuves de la vie ! Puissions-nous le suivre !


1. Mes frères, l’Évangile que nous venons d’entendre nous fait connaître l’immense charité de Notre-Seigneur et Sauveur pour nous, de Jésus-Christ, toujours Dieu dans le sein de son Père, devenu homme parmi nous, en se revêtant de notre chair, et assis maintenant à la droite du Père éternel. Oui, par la lecture qui vous a été faite, vous avez dû comprendre combien nous aime notre Rédempteur. Il nous a lui-même donné et fait connaître la mesure de son amour pour nous, en nous disant que son commandement nous oblige à nous aimer les uns les autres[2]. De plus, il n’a pas voulu nous laisser de doutes ou d’inquiétudes sur l’étendue de l’affection que nous devons mutuellement nous porter : il a précisé les bornes de cette affection, pour qu’elle plaise à Dieu et devienne parfaite, c’est-à-dire, qu’elle ne soit inférieure à aucune autre ; il nous a donné à cet égard un enseignement positif, exprès, car il a dit : « On ne peut avoir une plus grande charité que de donner sa vie pour ses amis[3] ». Il a pratiqué lui-même ce qu’il a enseigné : ses Apôtres ont suivi ses préceptes et ses exemples, et ils nous ont appris que nous devons marcher sur leurs traces. Imitons donc Jésus-Christ sans doute nous ne lui ressemblons pas sous tous rapports : comme notre Créateur, il est bien différent de nous ; mais puisqu’il a bien voulu se faire homme pour nous, nous avons, selon son humanité, des traits de ressemblance avec lui. S’il eût été le seul à nous donner l’exemple, aucun de nous peut-être ne devrait oser marcher sur ses traces, car il n’a pas cessé d’être Dieu en devenant homme ; mais, en tant qu’homme, il a eu des imitateurs : Seigneur, il en a eu dans ses serviteurs ; Maître, il en a eu dans ses disciples : ceux que nous pourrions appeler nos pères, parce qu’ils sont entrés avant nous dans sa famille, nos compagnons dans le service de Dieu, ont marché à sa suite : d’ailleurs, il ne nous commanderait pas de faire ce qu’il a fait lui-même, s’il le jugeait impossible. Si tu compares la grandeur de ta faiblesse à la difficulté du précepte, et que le courage te manque, puise de la force dans les exemples placés sous tes yeux. L’exemple lui-même te remplit de crainte : mais n’as-tu pas à côté de toi celui qui, après t’avoir donné l’exemple, te donnera la force de le suivre ? Écoutons maintenant ce psaume ; par une heureuse coïncidence, et par un effet de la grâce divine, il concorde parfaitement avec l’Évangile

  1. Jn. 14,6
  2. Jn. 13,34
  3. Id. 15,12