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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/234

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fasse des œuvres dignes de cette lumière qu’il désire, et dans cette nuit qu’il cherche Dieu, ainsi qu’il est écrit : « Pendant la nuit mes mains ont cherché Dieu en sa présence, et je n’ai pas été déçu[1] ». Quel est ce jour qu’il appelle un jour de tribulation, sinon celui qu’il appelle encore la nuit ? « Je l’ai cherché de mes mains pendant la nuit en sa présence ». Nous sommes encore dans la nuit, et nous veillons à la lumière de cette prophétie. Ce que l’on nous a promis, nous l’attendons encore ; mais que dit l’apôtre saint Pierre ? « Nous avons d’ailleurs une preuve as plus frappante encore dans les oracles des Prophètes, sur lesquels vous faites bien d’arrêter vos regards comme sur un flambeau qui luit dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour commence à paraître et que l’étoile du matin se lève dans nos cœurs[2] ». C’est là le jour, c’est là notre jour. « Au matin vous entendrez ma voix, au matin je me tiendrai debout et je vous contemplerai ». Donc, travaille, bien que ce soit la nuit, et cherche Dieu de tes mains, ou par de bonnes œuvres, avant que ce jour vienne combler ta joie, de peur qu’il n’en vienne un autre pour t’affliger. Vois quelle sécurité dans ton labeur ; vois comment ne t’abandonne pas celui que tu cherches : « De mes mains j’ai cherché le Seigneur pendant la nuit en sa présence ». « Afin que ton Père qui voit dans le secret te donne ta récompense[3] ». De là cette expression « en sa présence ». Que la miséricorde et la charité soient dans ton cœur, de peur que tu n’agisses dans l’intention de plaire aux hommes. J’ai cherché Dieu de mes mains, dit le Prophète, par mes œuvres ; le chercher dans l’ombre, ou dans cette vie ; où lui-même voit, et non où je chercherais à plaire aux hommes. Qu’ajoute le Prophète ? « Et je n’ai pas été déçu. L’homme est semblable à la vanité, ses jours ont passé comme une ombre », et pourtant vous vous êtes fait connaître à lui, et vous l’estimez.
12. « Seigneur, inclinez vos cieux et descendez : touchez les montagnes, elles seront embrasées. Faites briller vos éclairs, et dispersez-les ; lancez vos flèches, et ils seront dans l’effroi. Tendez la main d’en haut, et délivrez-moi, sauvez-moi des grandes eaux[4] ». Le corps en Christ, l’humble David, plein de grâce et de confiance en Dieu, et combattant ici-bas, implore le secours de Dieu. « Inclinez vos cieux et descendez. » Quels sont les cieux à incliner ? Les Apôtres dans leur humilité. Tels sont en effet « les cieux qui annoncent la gloire de Dieu » ; et de ces cieux qui racontent la gloire de Dieu, le Prophète va nous dire : « Il n’est as point de discours, point de langage dans lequel on n’entende cette voix ; leur parole a retenti dans toute la terre, et leur voix jusqu’aux extrémités du monde[5] ». Quand la voix de ces cieux retentissait dans le monde entier, alors qu’ils opéraient des merveilles, et que le Seigneur faisait briller en eux les éclairs de ses miracles, et retentir le tonnerre de ses préceptes, on crut que des dieux étaient venus du ciel vers les hommes. Quelques païens dans cette pensée leur voulurent offrir des sacrifices. À la vue de ces honneurs qui ne leur étaient point dus, ces hommes saisis d’effroi et d’une vive horreur, afin de ramener ceux qui s’égaraient de la sorte, et leur montrer ce qu’ils ressentaient intérieurement, déchirèrent leurs vêtements et s’écrièrent : « Que faites-vous ? nous sommes des mortels comme vous[6] ». Et ils prirent de là occasion de leur prêcher la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, s’humiliant ainsi pour relever la gloire de Dieu : parce que les cieux s’inclinaient pour que Dieu descendît. « Inclinez donc vos cieux, et descendez, Seigneur », dit le Prophète ; et cela s’est fait. « Touchez les montagnes, elles s’embraseront » ; les montagnes orgueilleuses, les sommités de la terre, les grandeurs qui s’enflent ; touchez-les, dit le Prophète, touchez ces montagnes, donnez-leur de votre grâce ; « elles seront embrasées » parce qu’elles confesseront leurs fautes. La fumée de ces pécheurs avouant leurs péchés arrachera les larmes de ces superbes humiliés. « Touchez les montagnes, et elles s’évanouiront en fumée ». Tant que vous ne les toucherez point, elles croiront à leur grandeur. Une fois touchées, elles diront : « Vous seul êtes grand, ô mon Dieu[7] ». Voilà ce que diront les montagnes, et encore : « Vous êtes le Très-Haut, au-dessus de toute la terre[8] ».
13. Mais il est des conspirateurs ; il en est qui s’unissent contre le Seigneur et contre son Christ[9]. Ils s’unissent et ils conspirent. « Faites briller vos éclairs, et

  1. Ps. 77,6
  2. 2 Pi. 1,19
  3. Mt. 6,4
  4. Ps. 143,5-7
  5. Ps. 18,2.4-5
  6. Act. 4,13
  7. Ps. 47,2
  8. Id. 82,19
  9. Id. 2,2 ; Act. 4,26-27