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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/235

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dispersez-les ». Multipliez vos miracles et leur conspiration se dissipera comme la fumée. « Lancez vos éclairs et dispersez-les[1] ». Une fois effrayés par vos miracles, ils n’oseront rien contre vous, l’effroi de vos prodiges les arrêtera. Quel est ce Dieu dont le pouvoir est si grand ? Quel est ce Dieu qui s’élève, et dont le nom a tant de puissance ? Mais dire qui il est, c’est pour eux déjà croire ; vos miracles ont brillé et dissipé leur funeste coalition. « Lancez vos flèches, et vous les troublerez. Que les flèches acérées du puissant[2] », que vos préceptes frappent leurs cœurs. « Lancez vos flèches, et vous les troublerez ». Ruinez leur fausse santé, afin que de bienheureuses plaies les guérissent ; et qu’ayant place dans l’Église et dans le corps du Christ, ils disent enfin avec l’Église ; « Je suis blessée par d’amour[3][4]. Lancez vos flèches et vous les troublerez ».
14. « Tendez la main d’en haut[5] ». Qu’en résultera-t-il ? Quelle en sera la fin ? Comment le corps du Christ pourra-t-il vaincre, sinon par le secours du ciel ? « Car le Seigneur viendra lui-même, à la voix de l’archange, descendra du ciel au son de la trompette de Dieu[6] », lui qui est le Sauveur de son corps et la main de Dieu. « Tendez votre main d’en haut, et délivrez-moi, sauvez, moi des grandes eaux ». Qu’est-ce à dire, « des grandes eaux ? » Des peuples nombreux. De quels peuples ? Des étrangers, des infidèles, soit qu’ils m’attaquent au-dehors, soit qu’ils me tendent des embûches à l’intérieur. « Délivrez-moi de ces grandes eaux, dans lesquelles vous m’exerciez, et dans lesquelles vous me plongiez pour me laver de mes souillures ». C’est encore l’eau de la contradiction[7]. « Délivrez-moi, et sauvez-moi des grandes eaux ».
15. Écoutons encore de quelles grandes eaux Dieu délivrera le corps du Christ, Dieu délivrera l’humilité de David. Qu’est-ce à dire, « des grandes eaux ? » Qu’avez-vous dit, ô Prophète, afin qu’on ne leur donnât pas un autre sens, qu’avez-vous dit de ces grandes eaux ? Écoute ce que j’en ai dit : « De la main des enfants étrangers » Écoutez, mes frères, au milieu de quel peuple nous vivons, et dont nous voulons être délivrés. « Leur bouche parle la vanité ». Combien de vanités n’entendriez-vous pas aujourd’hui même, si vous n’étiez point rassemblés pour ces divines pompes de la parole de Dieu ? « Leur bouche parle la vanité ». Comment ces diseurs de vanités pourraient-ils vous entendre dire la vérité ? « Leur bouche parle la vanité, leur droite est la droite de l’iniquité[8] ».
16. Que ferais-tu parmi eux, avec ton vase pastoral et tes cinq pierres ? Dis-le-moi autrement, ô Prophète, et montre-moi d’une autre manière la loi que tu as figurée dans tes cinq pierres. « Seigneur, je vous chanterai un cantique nouveau ». Ce cantique nouveau, c’est le chant de l’action de grâces ; le cantique nouveau est celui de l’homme nouveau ; le cantique nouveau, c’est le cantique du Nouveau Testament. « Je vous chanterai », dit le Prophète, « un cantique nouveau ». Et de peur qu’on ne croie que la grâce diffère de la loi, tandis au contraire que c’est par la grâce que la loi s’accomplit : « Je vous chanterai », dit-il, « sur le psaltérion à dix cordes[9] ». « Sur le psaltérion à dix cordes », ou par les dix préceptes de la loi. C’est ainsi que je vous chanterai : puissé-je trouver en vous ma joie, puissé-je vous chanter dans la loi, ce nouveau cantique ; « parce que la charité est la plénitude de la loi[10] ». Du reste, quiconque n’a point la charité, peut porter le psaltérion ; mais il ne saurait chanter. Pour moi donc, dit l’interlocuteur, au milieu des eaux de la contradiction, je vous chanterai un cantique nouveau : et jamais le bruit des eaux de la contradiction ne fera taire mon psaltérion : « Je vous chanterai sur le psaltérion à dix cordes ».
17. « C’est lui qui donne le salut aux rois » ; aux montagnes s’évanouissant en fumée, « Qui délivre David son serviteur ». Ce David, vous le connaissez, soyez donc David. De quoi Dieu a-t-il délivré David son serviteur ? De quoi a-t-il délivré le Christ ? De quoi le corps du Christ ? « Délivrez-moi du glaive des méchants[11] ». « Du glaive » ne suffirait pas ; il ajoute : « du méchant ». Assurément il est un glaive de faveur. Quel est ce glaive de faveur ? Celui dont le Seigneur a dit : « Je ne suis point venu apporter la paix sur la terre, mais le glaive[12] ». Il devait alors séparer les fidèles des infidèles, les fils des pères, il devait

  1. Ps. 143,6
  2. Ps. 119,4
  3. Cant. 2,5
  4. selon les LXX
  5. Ps. 143,7
  6. 1 Thes. 4,15
  7. Nb. 20,13
  8. Ps. 143,8
  9. Id. 9
  10. Rom. 13,10
  11. Ps. 143,10-11
  12. Mt. 10,31