Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/547

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dire : ils ne vivront pas éternellement ; car, évidemment, ceux qui mangent le Christ meurent aussi dans le temps, mais ils vivent pour l’éternité, parce que le Christ est la vie éternelle.

VINGT-HUITIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CES PAROLES DE L’Évangile : « APRÈS CELA, JÉSUS S’AVANÇA DANS LA GALILÉE », JUSQU’À CES AUTRES : « TOUTEFOIS, NUL NE PARLAIT OUVERTEMENT DE LUI, DANS LA CRAINTE DES JUIFS ». (Chap. 7,1-13.)

LE DIEU HOMME.

Jésus-Christ était en même temps Dieu et homme ; comme Dieu, possédant une puissance infinie ; comme homme, souffrant et donnant à ses membres fidèles l’exemple de ce qu’ils peuvent et doivent faire pour éviter les persécutions des Juifs, il s’était retiré en Galilée, Au moment de la scénophagie, ses parents, hommes charnels, auraient voulu le décider à se rendre à Jérusalem pour l’y voir opérer des miracles et acquérir un renom. Mais l’heure de la gloire n’était pas encore venue pour lui ; elle ne devait sonner qu’après une vie d’humiliations et d’oublis ; aussi ne monta-t-il au temple que vers le milieu de la fête, et en secret, afin de ne pas mériter les éloges des mondains. Ainsi doit-il en être de nous pendant le pèlerinage de cette vie : nous ne devons chercher à être connus et glorifiés de personne ici-bas : la gloire du ciel est la seule à laquelle nous devons tendre.


1. Dans ce chapitre de l’Évangile, mes frères, Notre-Seigneur Jésus-Christ se propose souvent comme homme à notre foi ; car mes paroles et ses actes y tendent sans cesse à nous faire reconnaître en lui le Dieu et l’Homme le Dieu qui nous a créés, l’homme qui nous a recherchés ; le Dieu éternellement avec son Père, l’homme avec nous dans le temps. Il n’aurait point recherché sa créature, s’il n’était devenu semblable à elle. Mais rappelez-vous-le bien ; que vos cœurs en conservent toujours le souvenir : le Christ s’est fait homme sans cesser d’être Dieu. Tout en restant Dieu, il s’est revêtu de l’humanité qu’il avait créée. Aussi, quand sa grandeur divine se cacha sous la faiblesse de l’homme, il n’en conserva pas moins sa puissance suprême, et nous ne devons voir, dans son incarnation, qu’un moyen de nous servir d’exemple au milieu de nos douleurs. Il est, en effet, tombé au pouvoir de ses ennemis, il n’a été mis à mort qu’au moment où il y a consenti. Mais parce qu’il devait s’adjoindre des membres, c’est-à-dire des fidèles qui ne posséderaient pas la même puissance que lui, puisqu’il était Dieu, il se cachait, il se dérobait aux poursuites des Juifs, comme pour éviter la mort, et ainsi donnait-il à entendre que plus tard ses membres s’uniraient à lui, et qu’il serait en chacun d’eux. Car le Christ n’est pas seulement chef : il est aussi corps, et pour être dans sa perfection, il faut qu’il soit tête et corps tout ensemble. Ce que sont ses membres, il l’est donc lui-même ; mais ce qu’il est, ses membres ne le sont pas de prime-abord. Si ses membres n’étaient pas un autre lui-même, dirait-il : « Saul, pourquoi me persécuter [1] ? » Car ce n’était pas lui en personne que Saul persécutait sur la terre : c’étaient ses membres, c’est-à-dire ses fidèles ; néanmoins, il ne les appelle ni ses saints, ni ses serviteurs, ni enfin, d’une manière plus honorable : ses frères ; en parlant d’eux, il dit : Moi, ou, en d’autres termes mes membres, dont je suis le chef.
2. D’après ce qui précède, le chapitre qu’on vient de lire ne nous offrira aucune difficulté ; car souvent nous y verrons se réaliser dans le chef ce qui devait avoir ensuite lieu dans le corps. « Après cela, Jésus s’avança dans la Galilée, car il ne voulait point aller dans la Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir ». Voilà bien ce que j’ai dit : le Sauveur servait d’exemple à notre fragilité. Il n’avait rien perdu de sa

  1. Act. 9, 4