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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/599

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répondirent : « Jésus ».— « C’est moi ».— À ces mots, « ils reculèrent et tombèrent par terre [1] ».
10. Quelqu’un va me dire : S’il avait un pareil pouvoir, pourquoi n’est-il pas descendu de sa croix, lorsque attaché à la croix il se voyait insulté par eux, et qu’ils lui disaient : « Si tu es le Fils de Dieu, descends donc de la croix[2] ? » Il leur eût ainsi donné une preuve péremptoire de sa puissance. Il a différé de la manifester, afin de nous enseigner la patience. S’il s’était laissé comme troubler par leurs clameurs, et qu’il fût descendu suivant leur désir, ils se seraient imaginé que la douleur et la honte l’avaient vaincu. Libre de descendre s’il l’eût voulu, il ne le fit pas, et resta attaché à l’instrument de son supplice. Descendre de sa croix aurait-ce été difficile pour Celui qui a pu sortir vint du tombeau ? Pour nous, qui avons entendu ce passage de l’Évangile, puissions-nous comprendre que, si Notre-Seigneur Jésus-Christ n’a pas alors manifesté sa puissance, il la manifestera au jour du jugement, ce jour dont il est écrit : « Il viendra et se manifestera, notre Dieu, et sortira de son silence[3] ». Qu’est-ce à dire : « Il viendra et se manifestera ? » Notre Dieu, Jésus-Christ, est tenu sans qu’on le connaisse : il viendra et on le connaîtra. « Et il sortira de son silence ». Que signifient ces paroles ? D’abord il s’est tu. Quand s’est-il tu ? Quand il a été jugé. Ainsi s’est trouvé accompli l’oracle du Prophète : « Il a été conduit à la mort comme une brebis, et, pareil à un agneau qui se tait devant le tondeur, il n’a pas ouvert la bouche [4] ». S’il n’y avait consenti, il n’aurait pas souffert ; s’il n’avait souffert, il n’aurait pas répandu son sang, et sans l’effusion de son sang, le monde n’aurait pas été racheté. Aussi devons-nous rendre grâces et à sa puissance divine, et à la bonté avec laquelle il est venu partager notre faiblesse. Remercions-le d’avoir caché cette puissance qu’ignoraient les Juifs, puisqu’il leur a dit tout à l’heure : « Vous ne connaissez ni moi ni mon Père » ; et d’être devenu cet homme que les Juifs connaissaient, et dont ils n’ignoraient point la patrie ; car il leur avait dit précédemment : « Vous me connaissez, et vous savez d’où je suis [5] ». Sachons bien aussi ce qui rend le Christ égal au Père, et ce qui rend son Père plus grand que lui. Voyons en lui, d’une part, le Verbe, d’autre part, la nature humaine : tout à la fois Dieu et homme, il ne forme néanmoins qu’un seul et même Christ en qui se trouvent unis la divinité et l’humanité.

TRENTE-HUITIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CE PASSAGE : « JÉSUS LEUR DIT DONC : VOUS ME CHERCHEREZ », JUSQU’À CET AUTRE : « JE SUIS LE COMMENCEMENT, MOI QUI VOUS PARLE ». (Chap. 8,21-25.)

LE CHRIST, PRINCIPE.

Jésus avertit les Juifs qu’ils chercheront à le connaître, mais que leurs efforts n’aboutiront point, parce qu’ils ont, à son sujet, des idées charnelles, et qu’ils mourront dans leurs péchés parce qu’ils n’auront pas la foi La seule condition pour ne pas mourir ainsi, c’est de croire que le Christ est, en lui-même, sans changement d’aucune sorte ; en un mot, qu’il est le principe, la source de la vie pour toutes choses.


1. La leçon du saint Évangile qui précède celle d’aujourd’hui se terminait par ce passage : « Jésus dit ces paroles dans le parvis du trésor, enseignant dans le temple » ce qu’il a voulu et ce que vous avez entendu, a et personne ne s’empara de lui, parce que a son heure n’était pas encore venue [6] ». Voilà

  1. Jn. 18, 4-6
  2. Mt. 27, 40
  3. Ps. 49, 8
  4. Isa. 13, 7
  5. Jn. 7, 28
  6. Jn. 8, 20