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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/711

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Seigneur nous apprenait que par suite des affections humaines au milieu desquelles nous vivons sur la terre, et quelques progrès que nous fassions dans l’amour de la justice, nous ne pouvions pas être sans péchés. C’est de ces péchés qu’il nous purifie tous les jours, en intercédant pour nous, lorsque nous prions notre Père qui est dans les cieux, de nous pardonner nos offenses comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés[1]. Mais comment pourrons-nous accorder avec ce sens ce que Jésus dit ensuite lorsqu’il expose le motif de sa conduite : « Si donc j’ai lavé vos pieds, moi votre Seigneur et Maître, vous devez vous aussi laver les pieds les uns des autres ; car je vous ai donné l’exemple afin que, comme je vous ai fait, vous aussi vous fassiez de même ». Pourrons-nous dire aussi que le frère purifiera son frère de la souillure du péché ? Au contraire, par cette action si étonnante du Sauveur, nous sommes avertis qu’après avoir confessé nos péchés les uns aux autres, nous devons prier les uns pour les autres, comme Jésus-Christ intercède pour nous[2]. Écoutons l’apôtre Jacques : il nous en donne le précepte formel en ces termes : « Confessez l’un à l’autre vos péchés, et priez l’un pour l’autre[3] ». C’est aussi parce que Notre-Seigneur nous en a donné l’exemple. Car si celui qui n’avait, qui n’a eu, et n’aura jamais aucun péché, prie pour nos péchés, combien plus devons-nous prier mutuellement pour les nôtres ? Et si celui à qui nous n’avons rien à pardonner nous pardonne, combien plus devons-nous nous pardonner mutuellement, nous qui ne pouvons vivre ici-bas sans péché ? En effet, dans cette mystérieuse et solennelle circonstance, qu’est-ce que Notre-Seigneur semble vouloir nous dire par ces paroles : « Je vous ai donné l’exemple afin que, comme j’ai fait, vous aussi vous fassiez de même [4] ? » Rien autre chose que ce que l’Apôtre dit très-clairement en ces termes : « Vous pardonnant les uns aux autres, si vous avez quelque chose à vous reprocher, et comme le Seigneur vous a pardonné, pardonnez-vous aussi ». Pardonnons-nous donc mutuellement nos offenses, et prions réciproquement pour nos fautes : ainsi nous laverons-nous en quelque manière et mutuellement les pieds. À nous, avec la grâce de Dieu, d’exercer ce ministère de charité et d’humilité ; à Dieu de nous exaucer et de nous purifier de la souillure de tout péché par Jésus-Christ et en Jésus-Christ, afin que ce que nous pardonnons aux autres, c’est-à-dire ce que nous délions sur la terre, soit aussi délie dans le ciel.

CINQUANTE-NEUVIÈME TRAITÉ.

DEPUIS LE PASSAGE OU NOTRE-SEIGNEUR DIT : « EN VÉRITÉ, EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, LE SERVITEUR N’EST PAS PLUS GRAND QUE SON MAÎTRE », JUSQU’À CET AUTRE : « MAIS CELUI QUI ME REÇOIT, REÇOIT CELUI QUI M’A ENVOYÉ ». (Chap. 13,16-20.)

IMITER JÉSUS-CHRIST.

Les paroles du Sauveur, qui vont du v. 16 au v. 20, se résument en celles-ci : Si vous vous rappelez que vous êtes mes disciples, vous suivrez mon exemple, et vous serez bienheureux, car vous serez d’autres moi-même, vous serez les représentants de mon Père.


1. Nous venons d’entendre, dans le saint Évangile, Notre-Seigneur nous parler et nous dire : « En vérité, en vérité, je vous le dis le serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé. Si vous savez ces choses, vous serez bienheureux quand vous les pratiquerez ». Il parlait ainsi parce qu’il

  1. Mt. 6, 12
  2. Rom. 8, 34
  3. Jac. 5, 16
  4. Col. 3, 13