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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/249

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SIXIÈME SÉRIE.

SERMONS INÉDITS[1].

PREMIER SUPPLÉMENT.

PREMIÈRE SECTION. — SERMONS SUR L’ÉCRITURE.

PREMIER SERMON.

L’ARBRE DE LA SCIENCE DU BIEN ET DU MAL.

ANALYSE. —1. Exorde. —2. L’arbre auquel il était défendu de toucher. —3. Cet arbre, par sa nature, n’était pas un principe de mort. —4. Il n’était même pas mauvais par lui-même. —5. Il est facile de le prouver par des comparaisons.6. Le péché ne doit être imputé qu’à Adam, et non pas à l’arbre ou à Dieu. —7. Conclusion.


1. Dans l’Ancien Testament, au livre de la Genèse, nous lisons ces paroles adressées à Adam par le Seigneur : « Vous mangerez du fruit de tous les arbres du paradis, mais vous ne toucherez pas à l’arbre de la science du bien et du mal, lequel est placé au milieu du paradis ; car le jour où vous mangerez de son fruit, vous mourrez de mort[2] » : Or, nous savons, bien-aimés frères, que cet arbre est encore l’objet de questions bien futiles de la part de certains hommes qui soutiennent que le péché d’Adam n’a pas été volontaire, puisque cet arbre renfermait la science du bien et du mal ; c’est ainsi qu’en voulant excuser de péché le premier homme, ils font eux-mêmes à Dieu la plus grave injure. Nous devons réfuter ces audacieux panégyristes, pour empêcher qu’ils ne soulèvent plus longtemps ces vaines questions et qu’ils ne se cachent sous le manteau de l’erreur. Si donc ils veulent réellement s’instruire, qu’ils se taisent et écoutent, à moins qu’ils ne veulent que leur sot langage devienne une injure pour la Divinité.
2. Un arbre était placé au milieu du paradis terrestre pour mettre à l’épreuve la volonté de l’homme ; de cet arbre dépendait la vie par l’obéissance, ou la mort par la transgression. C’est la transgression qui éclata par la manducation du fruit de l’arbre, quoique ce fût contre elle que la sanction de la loi eût été directement formulée. Le Seigneur avait dit à nos premiers parents : « Vous mangerez du fruit de tous les arbres qui se trouvent dans le paradis ; quant à l’arbre qui se trouve dans le milieu du paradis, vous n’y toucherez pas, de crainte que vous ne mouriez de mort ». Cette sentence énonçait pour l’homme une loi positive accompagnée de sa sanction : la promesse de la vie, comme récompense, et la menace de la mort comme

  1. Bien que publiés récemment sous le nom de saint Augustin, tous ces sermons n’ont ni la même authenticité, ni la même autorité que ceux des cinq premières séries.
  2. Gen. 2, 16,17