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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/276

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dans la luxure, ou la pureté dans la corruption. Celui qui venait détruire l’ancien empire de la mort, ne pouvait naître sous les lois de cet empire, et le Seigneur de l’univers ne pouvait prendre la forme d’esclave dans laquelle il devait nous sauver, qu’en prenant un corps dans le sein d’une servante. Comment le Fils de Dieu aurait-il subi pour nous les crachats, les soufflets et la croix, s’il ne s’était pas constitué le Fils de l’homme ?
2. O malheureux Juifs qui, en recourant à la calomnie de l’adultère, éteignent pour eux-mêmes cette grande lumière sous le souffle de ténébreux soupçons, en refusant de croire qu’une Vierge ait conçu ! Ils ne voient plus qu’un crime humain dans l’acte par excellence de l’amour de Dieu pour nous ; et ce qui n’est que vertu ils l’appellent une faute, tant ils sont aveuglés par leur jalousie. Malheureux que vous êtes, croyez donc à celui qui n’a voulu naître que pour opérer votre salut. Comprenez, mes frères, l’aveuglement de ces hommes perfides qui nient obstinément que le Christ ait pu naître d’une Vierge. Dans une naissance toute céleste ils invoquent ce qui se passe parmi les hommes et veulent soumettre le Créateur aux lois établies pour les simples créatures. Que l’impiété humaine n’essaie donc pas de porter atteinte à la glorieuse Nativité de Jésus-Christ, qui n’a voulu naître que par amour pour nous. Si le Fils de l’homme et de Dieu s’est humilié dans la chair, si une Vierge a enfanté et est demeurée vierge après son enfantement, tout cela s’est fait, non point selon l’ordre d’une nature mortelle, mais par l’effet immédiat de la puissance divine.
3. Comment peut-on douter que ce soit là le secret du Tout-Puissant, quand on entend dire que le Roi des cieux est né d’une vierge, et que le Fils de la Vierge commande aux puissances du ciel ? Qui dira, mes frères, l’accroissement miraculeux des bienfaits de Dieu pour le salut des nations ? Autrefois, après le passage de la mer Rouge, voulant donner au peuple hébreu des préceptes relatifs au culte divin, le Seigneur appela Moïse au sommet du Sinaï, et confia à ce serviteur l’expression authentique de sa volonté à l’égard de cette petite nation. Mais quand les temps prédits furent arrivés, voulant prodiguer à toutes les nations les sacrements de la vie éternelle, Dieu lui-même, descendant du ciel et du sein de son Père, se renferma dans le sein d’une Vierge, et y revêtit notre humanité et se fit homme sans cesser d’être Dieu, acquérant ainsi une gloire incomparable. C’est ainsi que le Tout-Puissant est sorti du sein de Marie, a subi les infirmités de la chair sans perdre la majesté du Fils de Dieu, et, tempérant cette majesté suprême, il a réalisé ce prodige d’un Dieu fait homme s’entretenant avec les hommes, et d’un homme triomphant du démon par la puissance infinie qu’il tenait de son union hypostatique avec Dieu.

NEUVIÈME SERMON. LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST. (TROISIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. Accord des Prophètes et des Apôtres sur la naissance de Jésus-Christ. —2. Virginité sans tache de Marie dans son enfantement.
1. Frères bien-aimés, nous avons longuement parlé de la divinité du Fils de Dieu et réfuté, selon notre pouvoir, toutes les attaques de nos adversaires. Je veux aujourd’hui vous parler de l’Incarnation, parce que ces mêmes adversaires refusent au Fils de Dieu