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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/279

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vient nous attester la naissance du Sauveur. C’est une étoile qui apparaît du ciel ; ne fallait-il pas que celui qui descendait du ciel fût également attesté par un envoyé du ciel ? La course de l’étoile annonce la naissance du Dieu fait homme ; les éléments attestent le même prodige et, mêlée aux rayons du soleil, l’étoile n’en jette que plus d’éclat.
4. Voyons donc ce que signifiaient ces présents mystérieux offerts par les Mages, malgré l’abjection de la crèche, et comprenons qu’ils proclament en Jésus-Christ l’union personnelle de la divinité et de l’humanité. Le Sauveur est vu comme homme, et il est adoré comme Dieu ; il est gisant dans ses langes et il brille parmi les étoiles. Ses langes annoncent l’enfant qui vient de naître, les étoiles proclament qu’il est le souverain Maître de toutes choses. C’est son humanité qui est enveloppée de langes, c’est sa divinité qui est adorée ; les bergers tressaillent sur la terre, les Anges sont remplis de joie dans les cieux. Mais enfin, quels sont donc ces présents que les Mages, divinement instruits, offrent à l’Enfant-Dieu ? Ils présentent de l’or et confessent ainsi que cet enfant est le souverain Maître de toutes choses. Ils présentent de l’encens, et ce sacrifice s’adresse à un Dieu. Ils présentent de la myrrhe, symbole de sa mortalité. L’or nous le montre comme Roi, l’encens nous le fait connaître comme Dieu, la myrrhe nous annonce sa sépulture. Les Prophètes annoncent un seul Dieu, et les Apôtres le prêchent ; les Mages ont cru, et à Jésus-Christ dans les langes ils ont offert de l’encens, de l’or et de la myrrhe. Pour nous, mes frères, craignons le Dieu unique, afin qu’il daigne nous accorder tous les biens par Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui est béni dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

ONZIÈME SERMON. LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST. (CINQUIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. La naissance du Sauveur, cause de joie pour le monde. —2. Salutation de l’Ange à Marie. —3. Éloge de la bienheureuse Vierge.


1. Frères bien-aimés, la naissance de Jésus-Christ est la rédemption du pécheur. En effet, le pécheur n’aurait pu être délivré si le Sauveur n’était pas venu sous la forme d’esclave. C’est aujourd’hui la naissance du Seigneur, que les esclaves se réjouissent ; c’est la naissance du Rédempteur, que les captifs rachetés se réjouissent ; c’est la naissance du médecin, que les malades se réjouissent ; c’est la naissance de la miséricorde, que les pécheurs se réjouissent ; c’est la naissance de Jésus-Christ, que tous les chrétiens applaudissent. Dieu a voulu naître dans le temps, lui qui a fixé la mesure des temps. Écoutons l’Apôtre : « Il s’est anéanti lui-même, en prenant la forme d’esclave, il a pris la ressemblance de l’homme et il a paru comme homme[1] ». Vous entendez qu’il s’est anéanti, mais il n’a jamais perdu la nature divine et ne s’est jamais séparé d’elle. Il s’est fait homme, mais sans cesser d’être Dieu. Il a revêtu l’humanité, mais il n’a pas dépouillé la divinité. Il s’est fait homme en prenant la forme humaine, sans perdre la forme divine. Il a pris le vêtement de la chair, mais intérieurement il est toujours resté Dieu. Comme Dieu et comme Créateur, « par qui tout a été fait, et sans lequel rien n’a été fait, il s’est construit à lui-même le temple dans lequel il devait

  1. Phil. 2, 7