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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/278

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DIXIÈME SERMON. LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST. (QUATRIÈME SERMON.)

ANALYSE. —9. Naissance du Sauveur ; virginité de Marie. —2. Annonciation de l’Ange. —3. L’étoile brillant du haut du ciel. —4. Offrandes symboliques des Mages.
1. Si nous pouvions exposer parfaitement l’événement de ce jour, nous aurions la connaissance complète des mystères de notre salut. Or, chacun de ces mystères défie, par sa profondeur, toute l’habileté du langage humain. Comment donc pourrait-on se flatter de les exposer tous à la fois sur un seul et même sujet ? Nous célébrons aujourd’hui la naissance du Sauveur ; mais ne devons-nous pas voir dans cette naissance du Christ la naissance même du monde ? C’est aujourd’hui la naissance du Sauveur, c’est-à-dire le mystère d’où le monde a reçu la vie et d’où la lumière, qui avait péri, a été rendue aux mortels. Il naît, celui que les Prophètes ont proclamé le Roi des nations. « Il naît d’une Vierge, comme le Prophète l’atteste en ces termes : Voici qu’une Vierge concevra et enfantera un fils, et ils l’appelleront Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous ». Le mode de sa naissance prouve donc qu’il est le Seigneur des vertus ; une vierge a conçu sans avoir jamais connu la concupiscence ; le Saint-Esprit a tout fait en elle ; tout a été pur, et le sein qui a conçu le Verbe, et les membres qui l’ont conservé, et les entrailles qui l’ont porté. La mère du Sauveur est elle-même le plus grand miracle ; une vierge a conçu, une vierge a enfanté ; elle était vierge avant, elle est restée vierge après l’enfantement. Virginité glorieuse et fécondité éclatante ; le Tout Puissant prend naissance, et sa mère n’exhale aucun gémissement. Elle enfante, son fils paraît à la lumière et sa virginité ne souffre aucune atteinte. Du moment que c’est un Dieu qui naît, il fallait que la chasteté de la mère reçût un nouvel éclat, et celui qui était venu pour guérir toutes les souillures ne pouvait porter atteinte à la parfaite intégrité de sa mère. L’enfant, à sa naissance, est déposé dans une crèche ; ce sont là les premières bandelettes d’un Dieu, le Roi du ciel ne dédaigne pas ces entraves, après avoir trouvé bon d’habiter dans un sein virginal. Marie, dépouillée de son précieux fardeau, se tient là debout et se reconnaît mère, avant de s’être connue épouse. Elle adore la divinité de son fils et tressaille de joie d’avoir enfanté par le Saint-Esprit ; elle ne frémit pas d’avoir enfanté en dehors du mariage, mais elle se réjouit d’avoir donné naissance à un Dieu.
2. Quand fut arrivé le moment où le Sauveur devait descendre sur la terre et régénérer le monde ; à cette époque où les prophéties planaient sur les nations attentives, le Saint-Esprit survint dans la Vierge Marie, selon cette parole de l’Ange : « Le Saint-Esprit viendra sur vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. Voilà pourquoi le Saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils du Très-Haut[1] ». Grand est donc le mérite de notre foi, parce que grand est le prodige de cette génération, et c’est en toute justice que nous adorons la puissance divine dans la naissance de Celui que nous savons nous être venu du ciel et engendré de Dieu le Père par la vertu du Saint-Esprit, afin de proclamer plus solennellement la Trinité et de sceller la sainteté de Marie. Le Sauveur naît, et le soleil s’élance plus loin dans sa carrière. N’est-il pas nécessaire que la splendeur qui apparaît aujourd’hui avec tant d’éclat prenne de jour en jour une nouvelle extension ?
3. Mais voici un nouveau messager qui

  1. Lc. 1, 35