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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/365

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de son sacerdoce, lorsque l’ange Gabriel, fendant l’espace et traversant les airs, se présenta devant Zacharie tremblant de crainte et de respect. Mais au nom du Seigneur l’envoyé céleste le rassure et lui dit : « Ne craignez pas, Zacharie : voici que votre prière a été exaucée ; votre épouse Élisabeth vous donnera un fils à qui vous imposerez le nom de Jean : il sera grand et beaucoup se réjouiront à sa naissance[1] ». Or, Zacharie était déjà accablé de vieillesse ; il sentait ses membres ployer sous le poids de l’âge et son corps tourner à la dissolution. Son épouse gémissait de sa stérilité ; depuis longtemps la fleur de la jeunesse était en eux desséchée, et ils se croyaient impuissants à laisser des héritiers de leur nom. Mais tout est possible à Dieu : ces vieillards croient toucher aux limites de la vie, et soudain le fils qu’ils désirent depuis longtemps leur est donné. Toutefois Zacharie, accablé sous le poids de la vieillesse judaïque, refuse de croire à la parole de l’ange. Gabriel lui reproche cette incrédulité et, pour le punir, lui retire l’usage de la parole.

5. Cependant les promesses du Seigneur s’accomplissent ; saint Jean met un terme à la stérilité de ses parents et, rendant à son père l’usage de la parole, annonce déjà par avance l’arrivée du souverain Juge. Nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire de cette naissance. Saint Jean naît, comme Dieu l’avait promis, et en naissant, il délie la langue de son père, afin que selon la parole prophétique de l’ange, cette naissance fût réellement une cause de joie pour plusieurs. Prenons part à cette joie, mes frères, afin qu’après avoir reçu à cœur ouvert Jésus-Christ le souverain juge, nous entourions de respect : et de gratitude la naissance de son précurseur. Célébrons donc cette solennité, non pas en nous livrant aux honteux désordres des Gentils, mais en rendant à Dieu un culte simple et digne, et surtout en observant les règles de la chasteté chrétienne. Laissons aux temples païens leurs guirlandes et aux Gentils leurs folies et leurs danses voluptueuses ; c’est dans le Saint des saints que doit briller et se faire le concours de tous les fidèles.

CINQUANTE-SIXIÈME SERMON.

SUR LA NATIVITÉ DE SAINT JEAN.
(DEUXIÈME SERMON.)

ANALYSE. — 1. Glorieuse nativité de saint Jean, foi d’Élisabeth, doute de Zacharie. — 2. Élisabeth devient mère, malgré sa vieillesse. — 3. Jean prophétise dès le sein de sa mère. — 4. Le précurseur montre celui que les Prophètes avaient annoncé.

1. Aujourd’hui se célèbre dans toute l’Église la naissance de saint Jean, du précurseur de la religion et de la foi chrétienne ; après lui avoir offert nos vœux, appliquons-nous à exalter sa mémoire. En effet, en lui accordant le titre de prophète et en inspirant à l’Église la pensée de célébrer sa naissance, Dieu n’a pas voulu qu’une postérité ingrate pût oublier ses titres et sa gloire. Lorsque nous solennisons la fête des saints, à proprement parler, ce n’est point un bienfait que nous leur accordons, et le plus grand avantage est assurément pour nous. Mais parlons de saint Jean. Un ange vient annoncer sa conception ; il est sanctifié dans le sein de sa mère par la présence du Sauveur, et plus tard il sera choisi pour baptiser Jésus-Christ dans l’eau mystérieuse du Jourdain ; car Dieu l’a député par la voix de l’ange, pour servir de précurseur à son Fils, et Zacharie devra

  1. Luc. 1, 13-14