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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/372

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SOIXANTE ET UNIÈME SERMON.

POUR LA FÊTE DES SAINTS MACHABÉES.

(PREMIER SERMON.)

ANALYSE. —1. Les martyrs Machabées sont un exemple pour tout sexe et tout âge. —2. La mère des Machabées mérite tous les éloges pour l’éducation donnée à ses enfants. —3. Martyre du premier de ces frères. —4. Martyre des cinq autres frères. —5. Mais le martyre le plus digne d’éloge est celui du jeune.

1. Vous venez d’entendre, mes frères, le récit du glorieux martyre des frères Machabées, et je pense qu’à cette occasion vous vous êtes rappelé cette parole de l’Apôtre, dont la lecture vous a été faite également : « Toutes ces choses ont été écrites pour notre édification, à nous qui nous trouvons à la fin des temps[1] ». En effet, tout ce qui a été écrit dans les livres saints, a été écrit pour notre édification et notre salut, afin que les exemples qui nous sont donnés par nos frères deviennent pour nous un principe de perfection, et que nous trouvions dans la lecture de leurs actions glorieuses un encouragement à la foi. Or, l’Église vient de dérouler à nos yeux le glorieux triomphe de ces heureux frères et de cette heureuse mère, afin de le proposer comme exemple à l’un et à l’autre sexe ; les hommes doivent prendre pour modèle ces frères si pieux, et les femmes cette mère héroïque dans sa foi et son dévouement ; puissent les femmes élever de cette manière leurs enfants ; puissent les enfants obéir à d’aussi nobles enseignements. Que tous apprennent de quel amour ils doivent aimer leurs enfants.

2. La bienheureuse mère des martyrs avait commencé, dès leur berceau, à former ses enfants à la vertu, à leur enseigner les saintes lois du Seigneur, et ses leçons, quoique d’une simplicité toute maternelle, ne laissaient pas de dévoiler les mystères les plus profonds. Grâce aux saints enseignements de la mère et à la pieuse docilité des enfants, cette famille réalisait au plus haut point cette sainte fraternité que la foi enseigne, et que scelle l’obéissance. Aussi fut-il donné à cette bienheureuse mère d’élever ses enfants à une grandeur que ne purent jamais atteindre de simples forces humaines ; car, en révélant la religion à ses enfants, elle les conduisit au ciel. Dans ces réflexions qui s’appliquent à tous les frères, l’Église trouve déjà un grand sujet d’édification. Mais il me paraît utile de dire quelques mots du martyre de chacun de ces frères ; car, outre ce vaste sujet de louange et d’admiration, la doctrine de l’Église y est solennellement confirmée.

3. Écoutons d’abord le langage que tient l’aîné de ces frères. S’adressant au tyran, il lui dit : « Que cherchez-vous, que voulez-vous apprendre de nous ? Nous mourrons mille fois plutôt que de profaner nos lois paternelles[2] ». Parlant au nom de tous ses frères, il ne craint pas de dire : « Nous sommes prêts à mourir ». Comprenons que sa pensée était comme le reflet de la pensée de tous les autres. Le tyran furieux ordonne de lui couper la langue. O l’infâme ressource d’une incrédulité féroce ! Il ordonne de couper la langue afin de rendre impossible toute profession de foi ; il ignore sans doute que la dévotion et la foi sont bien moins sur les lèvres qu’elles ne sont dans le cœur. Aussi le bienheureux martyr peut perdre l’usage de la parole, mais sa foi n’en souffre aucune atteinte. Il garde désormais le silence, mais sa fermeté d’âme n’en est nullement ébranlée.

4. Mais passons aux autres. On demande au second s’il consent à manger de la viande de porc : « Non », répond-il. « Et voilà pourquoi », dit l’Écriture, « il fut tourmenté

  1. 1 Cor. 10, 11
  2. 2 Mac. 7, 2