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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/537

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Tu n’es qu’un mercenaire, puisqu’à la vue du loup tu te sauves.
11. Que dire de plus ? Nous avons, tout à l’heure, entendu la parole du Sauveur ; qu’elle nous remplisse d’épouvante, car si nous devons l’aimer, nous n’avons pas moins à le craindre. « Celui », dit-il, « qui aura rougi de moi devant les hommes ». Remarquez à quel moment Jésus parlait ainsi ; c’était au moment où le monde, au lieu de croire, frémissait de rage contre la foi. « Celui a qui aura rougi de moi devant les hommes, je rougirai de lui devant mon Père qui est dans les cieux[1] ». « Mais celui qui m’aura confessé devant les hommes, je le confesserai aussi moi-même devant mon Père qui est aux cieux[2] ». Veux-tu que le Christ te renie ? Veux-tu qu’il te confesse ? Ah ! elles dureront longtemps les insultes que tu recevras, quand une fois le Christ aura déclaré ne pas te connaître. N’en doute pas, ce qu’il annonce se réalisera. Celui qui a fait tant de prophéties manquera-t-il à sa parole seulement en ce qui concerne le jour du jugement ? Non. Que ses contempteurs conservent pour eux-mêmes leur mauvaise foi, ou plutôt, qu’ils s’en débarrassent. Présentez-vous à eux comme les modèles d’une foi courageuse ; n’allez pas leur donner l’exemple de gens que la crainte réduit au silence. S’ils rencontraient des chrétiens plus fermes, plus solides pour défendre les faibles, pour rendre librement témoignage de leur croyance, pour instruire prudemment les autres, pour les secourir charitablement, ils garderaient le silence, soyez en sûrs, car ils n’auraient plus rien à dire. Les accents de leur voix se perdraient dans le vide, car ils ne seraient plus que des cymbales retentissantes. Ce qui a cessé d’être dans leurs temples se trouve aujourd’hui sur leurs lèvres.

QUATRIÈME SERMON. POUR LA NAISSANCE DE JEAN-BAPTISTE.

ANALYSE. – Petit exorde. —2. Apparition de l’ange et son allocution à Zacharie. —3. Grossesse d’Élisabeth et son accouchement. —4. Tressaillement de Jean dans le sein de sa mère. —5. Parallèle entre l’enfantement de Marie et celui d’Élisabeth. —6. Humilité de Jean. —7. Martyre de Jean en faveur de la vérité, et son humilité jusque dans son martyre.
1. Frères bien-aimés, nous rendons grâces au Seigneur notre Dieu de ce que sa miséricordieuse bonté nous a procuré la faveur de contempler votre sainteté, et le bonheur dont notre mutuelle affection est la source. Celui, au nom duquel nous vous saluons, nous inspirera les paroles de notre discours, car c’est lui qui est l’auteur de notre salut. Pourrions-nous vous parler d’un autre ? N’est-ce point une nécessité de vous entretenir du Dieu qui vous adressait, tout à l’heure, la parole de l’Évangile ?
2. Un jour qu’il remplissait en son rang les fonctions du sacerdoce, Zacharie, grand-prêtre de Dieu, entra dans le Saint des saints, et le peuple le suivit dans le temple, afin de prier le Seigneur conjointement avec lui. Au moment où il était près du saint autel, et offrait dévotement à Dieu des présents, un ange du Tout-Puissant lui apparut à la droite de l’autel, pendant le cours de sa prière. À sa vue, Zacharie fut saisi de crainte, mais l’ange lui dit : « Ne crains rien, Zacharie, ta prière est exaucée : ta femme Élisabeth concevra et te donnera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. Et Zacharie répondit : Comment cela

  1. Mrc. 8, 38
  2. Luc. 3, 8